L'administration Coderre affirme qu'elle a l'intention de bloquer toute tentative de développement immobilier sur un terrain qui appartiendrait à des entreprises dont les actionnaires auraient des liens avec la mafia, situé au sein d'un nouvel «écoterritoire» à Pierrefonds. Selon l'opposition officielle, la Ville se place en situation de se faire poursuivre.

Vendredi dernier, le maire Denis Coderre a dévoilé son plan de développement pour un secteur de 400 hectares situé dans l'extrémité ouest de l'arrondissement de Pierrefonds-Roxborro. Il avait alors qualifié d'«exceptionnel» le fait de dévoiler un projet qui prévoyait à la fois un ensemble résidentiel de plus de 5000 logements et un projet de conservation de 180 hectares.

Or, le quotidien anglophone The Gazette a révélé lundi qu'une bande de 28,5 hectares à l'intérieur de cet «écoterritoire», baptisée L'Anse-à-l'Orme, appartient à deux entreprises dont les actionnaires auraient des liens avec le crime organisé: Placements Manchester Brighton Ltée et Gestion de Placements Uni-Dev. Par ailleurs, la portion nord du terrain privé est présentement sous zonage résidentiel.

«Nous n'avons pas besoin d'être propriétaires de ces terrains-là pour les protéger», a déclaré lundi Russel Copeman, responsable des dossiers d'urbanisme au sein de l'administration Coderre. «Parce que c'est inclus à l'intérieur de l'écoterritoire et parce que c'est identifié à conserver dans le schéma d'aménagement, tous les outils sont là pour que ça reste non développé», a-t-il ajouté.

Poursuites

La Ville s'expose-t-elle à des poursuites? «Il y a toutes sortes d'éventualités. La volonté de l'administration est ferme, il n'y aura pas de développement sur ce terrain-là», a-t-il répondu lors d'une mêlée de presse à l'hôtel de ville.

Le zonage du terrain relève ultimement de l'arrondissement de Pierrefonds-Roxborro, qui ne nous a pas rappelée.

Pour l'instant, la Ville de Montréal rejette l'idée d'exproprier les propriétaires, car il s'agit d'une voie trop coûteuse, dit M. Copeman.

Entre 2009 et 2011, c'est la branche québécoise de l'OBNL Canards illimités qui a été mandatée par la Ville pour approcher les propriétaires des terrains dans la zone destinés à devenir l'écoterritoire.

«Les discussions ont été rompues en 2009 parce que le prix demandé pour l'achat des terrains était jugé déraisonnable par la Ville de Montréal, a dit M. Copeman. L'administration ne fera pas des discussions avec des gens qui ont présumément des liens avec le crime organisé. Il n'y aura pas de discussions avec eux tout court.»

Le chef de Projet Montréal, Luc Ferrandez, s'est montré très critique. «Il y a trois cartes dans le schéma d'aménagement qui disent le contraire de ce que M. Copeman dit. Voilà de l'amateurisme à son plus haut niveau», a-t-il déclaré.

«Sur une des cartes, on voit apparaître un lotissement résidentiel. Comment la Ville a pu faire une erreur de cette importance-là? À mon avis, ils donnent tous les arguments légaux aux promoteurs pour se faire poursuivre», a-t-il ajouté.