Montréal ne connaît pas le nombre exact de ses bornes d'incendie défectueuses ou hors d'usage, ce qui pourrait compromettre la sécurité des citoyens, prévient le vérificateur général (VG). Jacques Bergeron estime par ailleurs que les réparations de celles qui sont en mauvais état prennent aussi trop de temps.

Dans son rapport d'un peu plus de 600 pages déposé hier au conseil municipal, le vérificateur s'inquiète des impacts liés au manque de connaissance de l'état des bornes.

«Ces conséquences pourraient se traduire par un délai d'intervention plus long, par la sécurité des citoyens compromise, par des dommages matériels plus élevés», écrit l'homme responsable de faire des audits indépendants de l'appareil municipal.

Le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) compte environ 31 000 bornes sur son territoire. Le VG calcule que les délais moyens pour réparer les bornes varient de 26 à 72 jours. Selon son étude, plus de 60% des bornes hors d'usage n'avaient pas encore été réparées en date du 20 décembre 2013.

Le responsable des questions de sécurité publique à l'opposition officielle, François Limoges, est également préoccupé par ce constat.

«Le service des pompiers n'a pas le bilan complet des bornes-fontaines sur son territoire. Il ne sait pas où elles sont, n'a pas l'ensemble du portrait, ne sait pas lesquelles sont fonctionnelles et lesquelles sont dysfonctionnelles et ça, c'est l'élément qui me perturbe le plus», a dit celui représente les citoyens du district Saint-Édouard dans le secteur de La Petite-Patrie.

Contrat de télécommunications

Si la Ville de Montréal avait mené à terme son contrat de «transmission de données» avec la firme Telus, le vérificateur général projette qu'elle aurait pu enregistrer un déficit de 30 millions.

Accordé en 2008, le contrat était d'une valeur de 50 millions. Telus devait fournir les services d'accès à l'internet dans les bâtiments de la Ville; de gestion des serveurs de télécommunication et de sécurité, des circuits de données alimentant les 326 principaux bâtiments municipaux; et d'entretien et d'évolution de l'anneau de fibre optique de la Ville.

Ce contrat devait initialement se terminer en novembre 2018, mais le montant de 50 millions sera épuisé en octobre 2016. Récemment, le Service des technologies de l'information (STI) de la Ville a annoncé qu'il avait déjà enregistré 8 millions en «frais imprévus» en lien avec ce contrat. La Ville a donc récemment annoncé qu'elle retournerait en appel d'offres lorsque les crédits financiers réservés viendraient à échéance à l'automne 2016.

Techniquement, donc, les 30 millions de dépassement de coûts dont fait état le vérificateur général n'ont pas été dépensés, et il est impossible de savoir quelle sera la facture finale pour les contribuables.

M. Bergeron mentionne par ailleurs dans son rapport que le «STI demeure en désaccord avec notre interprétation des coûts».

Selon M. Bergeron, plusieurs causes expliquaient le dépassement projeté. «D'abord, le devis prévoyait l'utilisation de prises réseau. Lors de notre suivi de 2011, il était déjà établi que 15 000 prises seraient nécessaires alors que les besoins maintenant estimés au cadre financier sont de l'ordre de 17 000 prises, écrit le vérificateur général. En outre, le modèle à la prise qui devait également s'appliquer au SPVM n'a pu, dans les faits, être implanté.»

Le VG souligne enfin que certains dépassements sont attribuables au fait que des liens de transmission de données sont demeurés chez d'autres fournisseurs, en raison de situations qui n'ont pas été prises en compte au moment du processus d'attribution.

Le vérificateur général répondra aujourd'hui aux questions des élus à l'occasion de la deuxième journée du conseil municipal.

Le Technoparc pertinent?

Dans son rapport, le vérificateur critique sévèrement Technoparc Montréal. Il déplore le peu de transparence, le manque de rigueur et le processus de reddition de comptes «incomplet» de l'institution. 

L'organisme à but non lucratif a pour mission de contribuer au développement immobilier sur le territoire montréalais par l'attraction et l'implantation d'entreprises dans le secteur de la haute technologie. La Ville contribue chaque année à plus de 40% au budget de Technoparc Montréal. 

«Il est difficile d'établir le lien entre les efforts consentis par ce dernier et les résultats réels obtenus», écrit Jacques Bergeron. Il pense qu'il serait «légitime» de s'interroger sur les raisons pouvant justifier que des fonds publics consentis à Technoparc ne soient pas assujettis à la même rigueur.

Gestion de crise déficiente

Selon le VG, les villes, dont Montréal, sont aujourd'hui vulnérables «plus que jamais» aux crises d'ordre naturel, technologique ou social en raison des répercussions majeures que cela entraîne sur le fonctionnement. En cas d'évènement majeur, il estime que les employés municipaux impliqués dans la reprise des opérations «improviseraient». 

Le DG croit que la solution réside dans l'instauration d'un programme de «continuité des affaires». «La Direction de l'eau potable, le SIM, le Service des technologies de l'information et le SPVM ainsi que les autres unités d'affaires bénéficieraient d'un processus uniformisé de résolution de problèmes, en cas de sinistre réduisant le temps de reprise des opérations critiques», pense-t-il.