Le Sommet du vivre ensemble s'est officiellement ouvert ce matin à Montréal. Vingt-trois maires de partout dans le monde échangeront sur les mesures que les villes peuvent prendre pour contrer la radicalisation.

«Les événements tragiques de Tunis, Paris, Bruxelles, Sydney, Ottawa, Saint-Jean-sur-Richelieu, Bamako et bien d'autres nous rappellent l'importance des enjeux en matière d'inclusion sociale, de cohabitation, de sécurité et de prévention de la radicalisation pouvant conduire à la violence. Nous avons le devoir de réfléchir et d'agir dès maintenant dans notre approche sur nos rapports avec l'ensemble de nos citoyens», a plaidé le maire de Montréal, Denis Coderre, dans son discours d'ouverture.

Rappelons que M. Coderre avait annoncé la tenue de ce premier Sommet à la suite des attentats de janvier au Charlie Hebdo, à Paris, en France. C'est la Ville de Montréal qui défraie l'ensemble de la facture de 290 000$ pour cet événement. La métropole paie ainsi les frais de voyage et d'hébergement de la trentaine de maires invités. 

Le Sommet doit se terminer ce soir avec l'adoption d'une déclaration et la création d'un observatoire sur le vivre ensemble. Le maire Coderre souhaite voir un tel sommet se tenir tous les deux ans.

Durant leurs discussions, les maires doivent «échanger leurs meilleures pratiques et apprendre de nos erreurs», a résumé le maire de Montréal.

Les islamistes font les manchettes, mais le problème d'intégrisme est plus large, a souligné le maire de Dakar, au Sénégal, Khalifa Ababacar Sall. «La radicalisation semble être l'objet de cycles. Aujourd'hui, celle qui est mise en exergue est islamique, mais elle a été politique d'extrême gauche, elle a été catholique par moments. Pourquoi n'avons nous pas étudié ces relents, leurs causes pour les anticiper?» questionne-t-il

Les Villes ont beaucoup à gagner à travailler ensemble, estime Khalifa Ababacar Sall. «Ceux qui sont à Montréal, à Paris, à Dakar ou à Johannesburg viennent de Montréal, Paris, Dakar ou Johannesburg. Cette mobilité des hommes fait que les problèmes semblent similaires», dit le maire de Dakar.

«On vient ici en prévention», a expliqué pour sa part le maire de Québec, Régis Labeaume. «Quand Anne Hidalgo (maire de Paris) me parle de ce qui se passe dans les banlieues parisiennes, j'apprends. Quand Yvan Mayeur (maire de Bruxelles) me parle de la façon qu'il procède avec ses communautés culturelles, j'apprends.»

Certes, Québec ne montre pas de signe d'un problème rampant de radicalisation, Régis Labeaume soulignant que la population de sa ville est très homogène, à peine 5% provenant de l'immigration, que le chômage est le plus bas au pays à 4,1% et que la criminalité est basse. «Mais les gens de Saint-Jean-sur-Richelieu sont certainement surpris ce qui est arrivé chez eux dans les derniers mois. Ce sont des choses qui nous préoccupent et on veut apprendre pour agir éventuellement.»

Pour ceux qui se questionnent sur la définition de «vivre ensemble», Denis Coderre a assuré qu'il ne s'agissait «pas d'un concept abstrait, mais d'un idéal que s'efforce d'atteindre l'ensemble des villes cosmopolites qui doivent composer avec des populations aux origines et croyances diverses».

L'essentiel de cette rencontre des 23 maires se déroulera derrière des portes closes et sous une forte sécurité. Les médias pourront assister seulement au discours d'ouverture et de clôture, un huis clos ayant été imposé sur le reste de l'événement.