Certains appels d'offres du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sont trop ciblés, critique Projet Montréal, les nombreuses exigences imposées favorisant souvent un seul entrepreneur. Le contrôleur général de la métropole est d'ailleurs intervenu, l'hiver dernier, pour tenter de susciter davantage de concurrence parmi les fournisseurs du corps policier.

L'opposition à l'hôtel de ville a inscrit sa dissidence, hier, lors de la réunion du conseil municipal sur plusieurs contrats attribués par le corps policier, déplorant le processus d'appel d'offres. « Le SPVM, sous couvert que c'est des questions de sécurité, met des exigences très précises dans ses appels d'offres. C'est tellement précis qu'il y a souvent un seul soumissionnaire qui se conforme », constate le conseiller François Limoges.

L'élu déplore ainsi que le conseil municipal ait dû voter, hier, sur les résultats de deux appels d'offres où seulement un fournisseur avait réussi à se conformer aux exigences du corps policier. C'est le cas de la firme Vincent Ergonomie qui a ainsi remporté un contrat de trois ans de 572 000 $ pour assister le SPVM afin de réduire les problèmes de santé et sécurité chez les policiers, le troisième que cette entreprise décroche depuis 2009.

L'opposition n'est pas la seule à se questionner sur le nombre restreint de fournisseurs dans ce dossier. Le contrôleur général de Montréal est intervenu, l'hiver dernier, pour faire retirer certaines exigences dans l'appel d'offres sur les services d'ergonomie, notamment celle qui imposait d'avoir de l'expérience dans le domaine de la sécurité publique.

Malgré cette intervention, les deux autres firmes ayant soumissionné ont été écartées, celles-ci ayant tout de même été jugées non conformes lors de l'appel d'offres. « [Le SPVM] n'a pas choisi cet entrepreneur parce que c'est le meilleur, mais parce que les deux autres ne sont pas conformes », déplore François Limoges.

« Je ne pense pas que le SPVM veut entretenir de la collusion ou faire du copinage avec des firmes, mais je pense qu'ils ont des habitudes de travail qui finissent par justifier leur achat d'équipement. »

Gyrophares spéciaux

Autre contrat problématique aux yeux de l'opposition, le SPVM vient d'acheter pour 195 000 $ de gyrophares afin d'équiper 70 voitures de patrouille. Encore une fois, une seule entreprise a soumissionné, PES Canada, son modèle de lumières étant le seul répondant aux exigences du corps policier.

Le SPVM exige en effet que ses gyrophares soient munis d'un système permettant de réduire automatiquement l'intensité de la lumière la nuit et que les lentilles de couleur puissent être changées. « C'est tellement spécifique que l'appel d'offres devient dirigé », dénonce François Limoges.

Le corps policier montréalais justifie ces exigences par le fait que les gyrophares ne sont pas utilisés de la même façon par tous les policiers. Les agents affectés à la circulation utilisent des lumières plus claires pour plus de discrétion, tandis que ceux des postes de quartier misent sur des lumières rouge et bleu afin d'avoir plus de visibilité. Afin d'accentuer la concurrence, le SPVM dit qu'il fera sous peu l'essai de deux nouveaux types de gyrophares qui pourraient répondre à ses exigences sur l'intensité et la couleur des lumières.

La responsable de la sécurité publique au sein de l'administration Coderre, Anie Samson, a dit comprendre les préoccupations de l'opposition, mais avoir été rassurée par les explications du SPVM. « Commander un gyrophare, ce n'est pas comme acheter une lampe de poche, il y a des spécifications et il n'y a pas 56 000 modèles sur le marché », a-t-elle dit.