Les difficultés du SPVM à réaliser les compressions dictées par l'administration Coderre ont engendré d'importantes tensions avec le chef de police, Marc Parent, ce qui explique en partie son départ, ont affirmé diverses sources. Le maire a toutefois démenti ces informations, assurant qu'il avait souhaité renouveler son mandat.

La Ville de Montréal a imposé à tous ses services une réduction de leurs dépenses afin de freiner la croissance des dépenses de la métropole. Le SPVM a toutefois peiné à atteindre les objectifs, dépensant 6 millions de plus que prévu en 2014.

En parallèle aux demandes budgétaires, la métropole a également demandé au corps policier d'abolir 250 postes d'ici la fin de 2018 en vertu d'un plan quinquennal au chapitre de la main-d'oeuvre. Le gros de l'effort doit d'ailleurs se faire en 2015, alors que le budget de la Ville prévoit l'abolition de 93 postes au SPVM, cette année.

Les demandes répétées de compressions ont ainsi contribué à créer des frictions entre le chef de police, M. Parent, et le directeur général de la Ville de Montréal, Alain Marcoux, qui a pour mission de s'assurer que les services municipaux répondent aux attentes. «Ça brassait beaucoup, il y avait trop de laisser-aller», a indiqué une source.

«Le problème, c'est Marcoux, mais au fil du temps, ç'a fini par teinter aussi les relations avec le maire», soutient une source qui a demandé de ne pas être identifiée.

Selon cette personne, c'est un cumul de choses qui a alimenté la discorde. Elle serait notamment liée à des questions d'orientation et, par conséquent, irait au-delà des questions budgétaires. «Après plus de 30 ans dans la police, M. Parent n'a pas envie de se faire dire quoi faire», ajoute cette source, en soulignant que le chef de police veut toutefois quitter son poste avec élégance.

Nos demandes d'entrevue avec Alain Marcoux ont été refusées, mais le maire s'est porté à la défense de son administration. «Ça n'a rien à voir, a dit M. Coderre. On a demandé des redditions de comptes à tout le monde. Il n'y avait pas de chasse gardée, tout le monde faisait son travail, tout le monde mettait l'épaule à la roue. Ça n'a rien à voir avec une mauvaise note ou un mauvais bulletin ou des relations tendues entre une organisation et le chef de police.»

Au contraire, Denis Coderre assure tenir en haute estime le chef de police sortant. «Marc Parent est presque devenu un ami. C'est quelqu'un d'un grand professionnalisme qui a décidé de relever d'autres défis.» Le maire assure qu'il souhaitait le renouvellement de son mandat.

Ce type de tensions est fréquent entre le chef de police et la direction générale, selon Claude Trudel, ancien responsable de la sécurité publique qui a côtoyé Marc Parent jusqu'en décembre 2012. «À mon époque aussi, j'ai eu des discussions sérieuses avec le directeur du SPVM pour réduire son budget. Ce n'était pas des discussions faciles. Ce n'est jamais facile parce que les policiers demandent toujours au nom de la sécurité publique des budgets supplémentaires. Ça a créé des tensions avec la direction de la Ville.»

Marc Parent avait d'ailleurs eu un sérieux accrochage avec le prédécesseur d'Alain Marcoux, Guy Hébert, au sujet de la gestion des finances du SPVM. L'ex-DG avait été contraint de démissionner après seulement 14 mois en poste après un incident révélé par La Presse. M. Hébert s'était informé sur les modalités de destitution du chef de police auprès du gouvernement.