Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) craint que la présence de vigiles dans les rues de certains quartiers de la métropole n'entraîne des dérapages. Le corps policier refuse pour le moment toute collaboration avec de tels groupes.

La Presse révélait cette semaine que la Garde citoyenne du Québec, un groupe d'une vingtaine de membres se décrivant comme des adeptes du «survivalisme», avait entrepris de patrouiller dans les rues du quartier Villeray pour y endiguer la criminalité. 

Cette organisation dit offrir à ses membres des cours d'autodéfense, principalement en arts martiaux russes, pour intervenir s'ils sont témoins de crimes durant leurs rondes. «Oui, il existe un pouvoir d'arrestation citoyenne, mais [...] bâtir son propre groupe d'action citoyenne, ça amène des risques de dérapage», a réagi le commandant Ian Lafrenière, du SPVM.

Déjà, le corps policier dit avoir à composer avec des situations où des citoyens appellent à se faire justice soi-même. «Avec les médias sociaux, ça nous est arrivé d'avoir à intervenir par exemple parce que des gens rapportaient la présence d'un pédophile à l'île Sainte-Hélène. À ce moment, tout homme seul qui regardait un enfant était à risque de se faire battre», dit le commandant Lafrenière.

Si les citoyens ont le devoir de rapporter les crimes dont ils sont témoins, «entre ça et organiser des patrouilles, il y a un grand danger». Loin d'encourager un tel mouvement, le SPVM «déconseille aux citoyens de se faire justice eux-mêmes».

Se joindre à des organismes accrédités

Le SPVM dit qu'il avait connaissance de la présence de la Garde citoyenne du Québec dans Villeray, mais que celle-ci n'est pas reconnue. «Il faut être prudents. On est toujours craintifs quand on voit ça», poursuit le policier. 

Saluant les citoyens qui souhaitent s'impliquer dans la sécurité de leur quartier, le commandant Lafrenière les appelle plutôt à se joindre à des organismes accrédités, comme Jeunesse au Soleil, qui organise déjà des patrouilles, ou Tandem, qui offre des services de prévention.

Contrairement à la police d'Edmonton qui peut parfois suggérer aux vigiles ayant pris l'initiative de patrouiller dans les rues de la capitale albertaine des secteurs à visiter, le SPVM dit écarter un tel scénario. 

«On n'est pas dans ce mode-là. On a déjà eu des rencontres, mais on n'est pas rendus au point de partager des détails avec eux», dit Ian Lafrenière.