Un comité de la Ville de Montréal refuse catégoriquement les nouvelles boîtes postales communautaires sur son territoire.

Dans un rapport formulant six recommandations à la métropole, la Commission sur le développement social et la diversité montréalaise lui suggère de considérer «tous les recours possibles» et de faire pression auprès d'Ottawa et de Postes Canada pour que la livraison des lettres à domicile soit maintenue.

On y parle donc de pression politique, mais aussi de pression juridique.

Car il est aussi recommandé que la Ville se joigne au recours intenté en Cour fédérale par le Syndicat des travailleurs des postes en déposant une demande d'intervention pour y faire valoir ses arguments.

Postes Canada avait annoncé en décembre 2013 un plan d'action en cinq points qui prévoyait l'élimination graduelle, sur cinq ans, de la livraison de courrier à la maison. Des boîtes communautaires doivent remplacer ce service.

Les membres du comité montréalais - des conseillers municipaux de différents arrondissements - étaient chargés d'étudier les impacts de l'arrêt de la livraison du courrier à domicile.

Ils relèvent que le plan de Postes Canada a été imposé sans débat ni processus législatif au Parlement canadien.

Ils dénoncent aussi l'implantation déraisonnable de ces boîtes dans un milieu urbain densément peuplé comme Montréal. Selon leurs calculs, si les boîtes postales nécessaires à sa population devaient être mises bout à bout, elles feraient environ 25 kilomètres de long.

De plus, les membres du comité déplorent ce changement qui va affecter les aînés de la ville, soit environ 15%f des Montréalais, ainsi que les personnes à mobilité réduite.

Le risque de perte de valeur des immeubles des citoyens - défigurés par une boîte postale sur leur terrain ou par l'achalandage devant chez eux - a aussi été soulevé.

Enfin, les membres du comité notent la grande opposition des citoyens à ces boîtes postales et soulignent que le Canada serait le premier pays de l'OCDE et le seul du G8 à mettre fin radicalement à la livraison du courrier à domicile.

Mercredi, le maire de Montréal, Denis Coderre, a répété qu'il souhaitait qu'un moratoire soit imposé et que le plan de Postes Canada soit mis sur la glace, sans que d'autres boîtes communautaires ne soient installées.

«Pourquoi? Parce que j'ai l'impression que des choses sont improvisées», a-t-il expliqué.

Attendons que les élections fédérales d'octobre 2015 soient derrière nous et revoyons ensuite ce qui doit être fait, a-t-il suggéré.

Le maire Coderre n'a pas encore pris de décision quant à savoir si la métropole se joindra ou non au recours entrepris en Cour fédérale.

Le gouvernement conservateur a soutenu le plan de Postes Canada depuis le début, tout en répétant que la société d'État est indépendante et prend ses propres décisions d'affaires pour assurer sa viabilité. Celle-ci fait ainsi valoir que la livraison de lettres à domicile n'est pas rentable.

Postes Canada est en train d'analyser les recommandations du rapport.

La société rappelle que les exigences de ses clients changent - les lettres sont délaissées en faveur des courriels - et que le système postal doit changer lui aussi, pour que le service postal soit maintenu pour tous.

«Bien que ces changements soient nécessaires, Postes Canada s'est engagée à travailler avec toutes les municipalités (...)afin de trouver les meilleurs emplacements, de façon à déranger le moins possible, tout en respectant la communauté locale et les quartiers qu'elle englobe», a indiqué la société.

«Le fait d'échelonner notre approche sur plusieurs années nous permet d'avoir le temps d'examiner des solutions possibles pour les quartiers urbains à forte densité, qui seront convertis plus tard dans le processus», est-il précisé. Postes Canada indique aussi avoir prévu des mesures d'adaptation sans frais pour les personnes à mobilité réduite.

Le système de boîtes postales a déjà été implanté dans certains secteurs de la province, notamment à Repentigny.

Selon le Syndicat des travailleurs des postes, 423 municipalités au pays s'opposent à l'abolition du courrier à domicile.

Les recommandations du comité, votées mardi soir, seront maintenant soumises au conseil municipal de la Ville de Montréal, qui se réunit lundi prochain.