Secouée par le récit paru dans La Presse des embûches rencontrées par plusieurs pompières, la direction du SIM promet de prendre le taureau par les cornes. Les plans des nouvelles casernes prévoiront désormais des dortoirs et toilettes pour femmes et tous les pompiers recevront une nouvelle formation pour prévenir le harcèlement.

«C'est totalement inacceptable, c'est tolérance zéro en matière de harcèlement», a réagi le directeur du Service des incendies de Montréal (SIM), François Massé, en entrevue à La Presse. Dimanche, sur Twitter, le maire Denis Coderre s'était dit «interpellé» et avait promis que l'affaire ne resterait pas «lettre morte».

À l'avenir, a assuré le directeur du SIM, les plans de construction des casernes seront conçus avec des vestiaires, des toilettes et des dortoirs pour les femmes. D'ici les prochaines années, cinq casernes seront ainsi adaptées. En ce qui concerne celle d'Outremont, il est malheureusement trop tard, ajoute-t-il. Et pour l'heure, il assure qu'il est possible de trouver des solutions avec les toilettes réservées aux officiers.

«On est ouvert. D'ailleurs, on travaille sur un plan d'action pour recruter des femmes. On pense notamment à des démarches auprès des écoles qui offrent des programmes d'études en sports et loisirs. Il faut comprendre qu'on a un vieux service, de vieilles casernes, mais il y a des possibilités.»

En ce qui concerne la politique de harcèlement, M. Massé a affirmé qu'un appel d'offres est en cours pour donner une formation d'une demi-journée à tous les pompiers, quel que soit leur sexe. De même, il assure avoir entrepris des démarches avec la direction générale pour réviser les mécanismes de dénonciation à travers le plan stratégique de santé et sécurité au travail du SIM.

«Je demande aux pompiers, aux gens de porter plainte en cas de harcèlement. On a un programme d'aide aux employés, il y a des mécanismes de confidentialité», a-t-il assuré.

Le directeur s'est dit étonné d'entendre les histoires des deux pompières qui se sont confiées à La Presse sous le couvert de l'anonymat, d'autant plus qu'aucune plainte formelle n'a été reçue l'an dernier. L'une des femmes a fait part de nombreuses situations embarrassantes, notamment dans le partage des douches mixtes. L'autre a relaté comment on l'avait traitée de «petite plotte» au début de sa carrière de pompière.

«Je dirais que nous sommes à mi-chemin en matière de harcèlement. On avait commencé en 2012 avec une vidéo de formation sur le climat de travail. Mais il reste du travail à faire. Il faut comprendre que la promiscuité dans notre travail peut accentuer ce genre de comportements. Mais c'est inexcusable, elles ont droit au respect.»

Recruter des femmes: un défi

Au cours de la prochaine année, pas moins de cinq nouveaux contingents entreront au Service des incendies de Montréal, a aussi révélé le directeur François Massé. Au total, il est question de l'embauche d'environ 125 pompiers, en incluant peut-être des pompières. La question est délicate puisque les écoles de formation n'en recrutent que quelques-unes par année. Le défi est de taille pour les recrues puisqu'elles doivent réussir les mêmes examens physiques que les hommes. À l'heure actuelle, le SIM ne compte que 31 pompières contre 2430 pompiers. Le Service n'a pas connu une telle vague d'embauches depuis les années 80. Rappelons qu'au cours de la dernière année, de nombreux départs à la retraite ont eu lieu dans la foulée des négociations sur les régimes de retraite. Des postes de hauts placés seront aussi à pourvoir.