Dans la ligne de mire du ministère des Transports, le service UberX exige maintenant de ses chauffeurs qu'ils fassent inspecter leur véhicule par un mécanicien certifié. Une amélioration qui ne rend pas UberX plus légal, rétorque toutefois le ministre Robert Poëti.

UberX utilise les véhicules personnels de ses chauffeurs - de simples véhicules de promenade - pour transporter sa clientèle. Depuis le lancement du service à Montréal, en octobre, Uber ne faisait aucune inspection physique des véhicules, a constaté La Presse lors d'une enquête menée en décembre. Il suffisait d'envoyer une photo du devant et de l'arrière de la voiture, et de prouver que celle-ci n'était pas âgée de plus de 10 ans, pour être autorisé à devenir « chauffeur partenaire ».

Uber vient d'envoyer une nouvelle directive à ses chauffeurs, exigeant qu'ils lui fournissent une fois l'an un rapport d'inspection signé par un mécanicien. « La plupart des mécaniciens automobiles peuvent compléter l'inspection en seulement 20 minutes et pour moins de 30 $ », lit-on dans un message qu'Uber a envoyé par courriel.

L'inspection d'Uber compte 27 points, dont l'usure des pneus, l'état des freins et de la direction, et le fonctionnement de la ceinture de sécurité. Par comparaison, les détenteurs d'un permis de taxi doivent obligatoirement soumettre leur véhicule à une inspection en 160 points tous les six mois. Seul un mandataire de la SAAQ peut réaliser cette inspection, qui cible notamment les phares, la direction, la suspension, les freins, la ceinture de sécurité, l'embrayage, les pneus et l'état de la caisse du véhicule.

Uber Montréal croit néanmoins que ses critères sont rigoureux. « Nous avons rencontré des mécaniciens un peu partout au Canada pour trouver les critères principaux pour déterminer si un véhicule est conforme et sécuritaire. Nous imposons les mêmes standards à l'échelle du pays », précise le directeur général d'Uber Montréal, Jean-Nicolas Guillemette. « Même les chauffeurs dont le véhicule est neuf devront passer l'inspection », ajoute-t-il. Ils ont jusqu'au 1er mai pour le faire.

Des saisies à prévoir

Ces nouvelles exigences d'Uber ne font pas broncher le gouvernement Couillard, qui juge toujours le service UberX illégal. « Tant mieux si les véhicules sont inspectés. Mais UberX ne se rapproche d'aucune manière d'une possibilité d'être encadré légalement », a déclaré le ministre des Transports, Robert Poëti, à La Presse. « Ça ne règle pas le problème des assurances, des coûts d'immatriculation et des tarifs exigés par Uber. Donc, ils sont loin, à plusieurs égards, d'une possibilité d'être encadrés légalement. »

Le gouvernement s'apprête à modifier la réglementation pour permettre aux enquêteurs du Bureau du taxi de Montréal de saisir les véhicules UberX. « Ça s'en vient, on est là-dessus. C'est sûr qu'on va agir, on va leur fournir les outils pour le faire. Pour UberX, je n'ai aucun problème à agir ainsi », a ajouté le ministre.