Ce n'est pas demain la veille que l'enlèvement des ordures aura lieu toutes les deux semaines à Montréal, même si Toronto y est déjà parvenue.

Dans la Ville Reine, les citoyens n'ont même droit qu'à une seule poubelle.

Au-delà de cette limite, ils doivent payer des frais supplémentaires pouvant dépasser 200$. Et plus la poubelle est grosse, plus le contribuable doit payer. En contrepartie, les restes de table sont ramassés toutes les semaines dans un bac vert prévu à cet effet. Il y a aussi l'enlèvement des résidus de jardins deux fois par mois.

Avant d'en arriver là, la Ville Reine était devenue célèbre pour les montagnes d'ordures jonchant ses rues. C'était il y a une dizaine d'années. La métropole ressemblait à une poubelle à ciel ouvert. Elle était confrontée à la fermeture de son principal site d'enfouissement urbain. L'ouverture d'un nouveau site d'enfouissement près de London, en 2010, n'a rien changé. Les sites ne sont pas des puits sans fond, avait-on réalisé.

Dépôts sauvages

À Montréal, l'arrondissement du Sud-Ouest se targue d'être parvenu à un tour de force, en 2012, en implantant la collecte des déchets une fois par semaine au lieu de deux fois par semaine. Mais les inspecteurs ont dû renforcer les patrouilles, et même imposer des amendes pouvant atteindre 2000$ afin de contrer un phénomène: les dépôts sauvages.

Le maire du Sud-Ouest, Benoît Dorais, raconte qu'il a dû expliquer aux citoyens qu'il est interdit de déposer des ordures ménagères dans les paniers à déchets publics placés sur les trottoirs, dans les parcs ou dans une ruelle. Selon lui, il est impensable d'implanter à court terme le ramassage toutes les deux semaines à Montréal ni à moyen terme.

«Le cadre bâti avec les multiplex fait la différence. On joue aussi dans les habitudes de vie des gens. Il y a de la résistance», dit-il.

Expérience pilote

L'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie fait bande à part à Montréal grâce à un projet-pilote de collecte des matières biodégradables qui a remplacé l'une des deux opérations d'enlèvement des ordures ménagères par semaine. À l'heure actuelle, 50 000 portes sur un total de 70 000 bénéficient de la collecte des résidus de table. D'ici un an, elle devrait être étendue à tout le territoire.

Le maire François Croteau explique que le retrait de l'une des opérations d'enlèvement des ordures se fait à «coût nul» en raison de ceux engendrés par la collecte des matières biodégradables. Afin de convaincre les citoyens de prendre le virage du bac brun, une équipe est allée de porte en porte pour expliquer le principe.

«Il y a d'abord eu une brochure explicative. Ensuite, un mode d'emploi a été distribué avec le bac brun. Mais ce n'est pas tout. Par la suite, des gens sont allés de porte en porte pour vérifier le contenu des bacs bruns.»

À l'heure actuelle, les matières organiques sont acheminées à Berthierville. On parle d'à peine 5000 tonnes par année. Loin d'être optimiste, le maire Croteau est inquiet de la volonté de l'administration Coderre de centraliser l'enlèvement des ordures.

«Il n'y a aucun plan d'action pour le compost au central, déplore-t-il. Il faut comprendre que si on exporte nos déchets à l'extérieur de l'île, il y a un coût associé.»

Le cabinet du maire Denis Coderre n'a pas donné suite à une demande d'entretien auprès d'un élu responsable du dossier au comité exécutif. La ville centre prévoit dans sa réforme des arrondissements une deuxième phase, avec l'annonce d'une centralisation de la gestion des déchets.

Prix de l'enfouissement à la tonne (arrondissement du Sud-Ouest):

• Prix en 2014: 51,27$

• Redevances: 21,30$

• Total: 72,57$

• Total (incluant les taxes): 75,26$ par porte

Le prix des déchets pour Montréal (2013):

• 55 029 500$ ont été octroyés aux arrondissements par le centre pour la gestion des déchets domestiques et assimilés;

• 40 820 400$ ont été octroyés aux arrondissements pour la gestion des matières recyclables, organiques et autres.