Jean Doré a prononcé un véritable discours électoral de candidat à la mairie de Montréal, hier, même si son ultime combat consiste plutôt à lutter contre le cancer incurable qui le ronge de l'intérieur.

L'ex-maire de Montréal célébrait les 40 ans de la naissance de son ancien parti et ses propres 70 ans avec plusieurs dizaines d'ex-militants du Rassemblement des citoyens de Montréal (RCM) et en a profité pour défendre son héritage.

À la tribune, devant une salle bondée de baby-boomers, on a vanté la véritable «révolution tranquille» vécue par Montréal pendant que Jean Doré était au pouvoir, de 1986 à 1994. Le parti a eu la dure tâche de prendre les rênes de Montréal des mains de Jean Drapeau, après 26 longues années de règne.

«Sous le RCM, Montréal est enfin devenu une ville démocratique, a fait valoir M. Doré. Quand je repense à notre parcours, je me dis que ce que nous avons fait, nous l'avons fait intelligemment et honnêtement.»

L'ex-politicien a notamment mis de l'avant les 150 kilomètres de pistes cyclables bâtis par son administration, ainsi que la construction de parcs et de plages publiques. Il a fait valoir que le RCM avait réussi à rassembler les anglophones et les francophones de Montréal pour offrir une option alternative progressiste à l'administration Drapeau.

«Il parle comme s'il voulait se représenter!», a glissé la principale organisatrice du rassemblement, Martine Blanc, à l'oreille d'un collègue.

«La passion est toujours la même», a dit le principal intéressé.

Chimio palliative

Si les cheveux de la plupart de ses camarades du RCM ont blanchi, Jean Doré, lui, a complètement perdu sa tignasse légendaire. La faute en revient aux traitements qu'il subit afin de ralentir la progression de son cancer du pancréas.

«Je réagis positivement aux traitements de chimiothérapie, a-t-il dit aux journalistes présents au rassemblement. Il reste que c'est un cancer incurable, donc la chimio est palliative. Je souhaite qu'elle me prolonge le plus longtemps possible afin que je puisse profiter de la vie. Je fais ça avec beaucoup de sérénité.»

Plus tôt au cours du rassemblement, il a affirmé qu'il avait fallu l'annonce de sa maladie «pour que l'on constate à quel point» le bilan des huit années de pouvoir du RCM avait été négligé.