Le départ de Richard Bergeron de la direction de Projet Montréal a été précipité par les démarches qu'il avait entreprises auprès de Denis Coderre pour joindre son comité exécutif, a appris La Presse. Et maintenant qu'il s'apprête à faire son entrée dans la garde rapprochée du maire, l'élu quittera le parti qu'il a fondé il y a 10 ans pour siéger comme indépendant.

La rumeur qui circulait depuis quelques jours à l'hôtel de ville sera confirmée la semaine prochaine, peut-être aussi rapidement que lundi: selon nos sources, le maire de Montréal annoncera sous peu la nomination de Richard Bergeron au sein de son comité exécutif. Celui qui n'occupe plus que le siège de conseiller du district de Saint-Jacques depuis sa démission comme chef de l'opposition deviendra responsable des grands projets de l'administration Coderre.

Tout en continuant à piloter le recouvrement de l'autoroute Ville-Marie, il aura pour tâche de convaincre les gouvernements d'intégrer un train léger sur rail dans le projet de remplacement du pont Champlain. Même si une importante partie de son travail touchera les transports, il ne remplacera pas l'élu Aref Salem, responsable de ce dossier.

Un départ sous tension

Si Richard Bergeron a déjà siégé au comité exécutif tout en demeurant au sein de Projet Montréal, ce ne sera pas le cas cette fois. Richard Bergeron quittera le parti pour siéger comme indépendant. Nos sources ont requis l'anonymat en raison des vives tensions que suscite au sein de la formation politique le départ de son fondateur.

L'entrée de Richard Bergeron au comité exécutif n'est d'ailleurs pas étrangère à sa démission en tant que chef de Projet Montréal, il y a trois semaines. Plusieurs dans son entourage s'étaient étonnés ces derniers mois de l'entendre vanter publiquement les mérites de Denis Coderre.

Alors que les rumeurs circulaient depuis quelque temps chez Projet Montréal sur un rapprochement de leur chef avec le maire, certains de ses proches collaborateurs ont décidé de confronter Richard Bergeron lors d'un caucus, le 24 octobre dernier. À la surprise de plusieurs, il a alors reconnu avoir approché Denis Coderre pour siéger à son comité exécutif. En fait, le maire avait accepté la proposition et même déjà formulé la demande au ministre Pierre Moreau afin de pouvoir élargir son comité exécutif, ce que lui permettra sous peu un projet de loi déposé cette semaine.

Toujours selon nos sources, Richard Bergeron souhaitait rester à la tête de Projet Montréal jusqu'à son entrée au comité exécutif, mais certains lui auraient demandé de quitter immédiatement la direction du parti. Les membres ayant connu l'époque où leur chef siégeait au comité exécutif de Gérald Tremblay en ont gardé un mauvais souvenir puisque celui-ci devait parfois voter contre sa formation.

Le lundi suivant, Richard Bergeron a donc décidé d'annoncer sa démission.

Il a été impossible de s'entretenir avec Richard Bergeron, hier soir. Chez Projet Montréal, on a préféré ne pas commenter les informations de La Presse.

Opposition plus farouche

La succession de Richard Bergeron s'est rapidement organisée. Le vote pour le remplacer de façon intérimaire a eu lieu le jour même où celui-ci a annoncé son départ, soit le 24 octobre.

Seuls deux candidats ont accepté de briguer le poste: Luc Ferrandez et Émilie Thuillier, conseillère d'Ahuntsic. La candidature du maire de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal s'est toutefois imposée en raison de sa farouche opposition à la réforme des arrondissements de l'administration Coderre.

La déception laissée par le départ de Richard Bergeron a maintenant fait place au soulagement chez certains, Projet Montréal ayant retrouvé depuis une plus grande latitude pour critiquer l'administration Coderre. Plusieurs au sein de l'opposition officielle ont bien noté que leur ancien chef s'est éclipsé jeudi de la salle du conseil municipal lorsque les élus ont été appelés à voter contre le plan d'investissements de la Ville de Montréal.