Les Montréalais estiment payer trop de taxes pour la piètre qualité des services municipaux qu'ils reçoivent, selon un coup de sonde mené pour la Ville de Montréal. Près des deux tiers des sondés estiment que la prestation de la métropole est inférieure à leurs attentes.

La Ville de Montréal a mandaté la firme SOM pour sonder la satisfaction des Montréalais, du 25 au 29 novembre 2013, soit tout juste après les dernières élections municipales. Le rapport de ce coup de sonde mené auprès de 1311 résidants a été présenté à la Ville de Montréal en février 2014, mais a été rendu public seulement cette semaine après une demande de La Presse.

Quand on demande aux Montréalais d'évaluer leur satisfaction pour «ce que vous payez en taxes foncières compte tenu de la qualité de vie et de la qualité de services», la métropole obtient une note moyenne de 4,8 sur 10. Dans leur analyse, les sondeurs soulignent qu'une telle note «exprime une grande insatisfaction».

Les anglophones et les immigrants se montrent les plus insatisfaits alors qu'ils accordent une note d'à peine 4,3, contre 5,1 chez les francophones. Dans les arrondissements, l'irritation est particulièrement palpable chez les résidants du Plateau-Mont-Royal (4,2) et de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce (4,3). À l'inverse, les plus satisfaits de Montréal se trouvent dans Ahuntsic-Cartierville. Reste qu'à 5,4, la note accordée par ces résidants demeure faible.

Près des deux tiers (61%) des sondés ont affirmé que la qualité des services offerts par la Ville est inférieure à leurs attentes. Seulement 9% ont estimé qu'elle était supérieure et 28%, égale.

L'entretien des rues

Quand on demande aux sondés pourquoi ils sont insatisfaits de leurs services, les Montréalais citent autant la mauvaise qualité du déneigement, le manque de propreté de la ville, le mauvais état des rues que la manque d'organisation des travaux.

Mais parmi tous les services offerts par la Ville, c'est l'entretien des rues qui reçoit la plus faible note. Ce service a reçu une note de 4,3 sur 10, une «baisse significative» par rapport à un sondage similaire mené en 2012, soulignent les sondeurs. C'est dans le Plateau que l'on se montre le moins satisfait de l'entretien des rues (3,1). À l'inverse, c'est à Anjou que l'on se montre le plus satisfait, quoique la note de 5,8 soit loin d'être encourageante.

Mauvaises pistes cyclables

Les automobilistes ne sont pas les seuls à se plaindre de l'état de la chaussée. Le sondage démontre une faible satisfaction face à l'état des pistes cyclables (5,5 sur 10). Le réseau cyclable est également jugé peu sécuritaire.

L'idée de déneiger les pistes cyclables en hiver pour permettre aux vélos de continuer à y circuler est loin de susciter l'enthousiasme. Les deux tiers des répondants ont affirmé qu'ils ne les utiliseraient pas. Seulement 18% seraient prêts à le faire.

Réparer Montréal avant de le rendre intelligent

Le sondage permet de constater que les Montréalais s'attendent à une amélioration de leurs services avant de voir Montréal prendre le virage de «ville intelligente». Quatre priorités pour la métropole se dégagent clairement du sondage: une meilleure gestion des dépenses, une plus grande transparence de la gouvernance, investir dans les infrastructures et investir dans les transports en commun. À peine 8% des sondés ont classé la «ville intelligente» parmi les priorités que devrait cibler Montréal.

L'utilisation des réseaux sociaux, sur laquelle s'appuie le projet proposé par l'administration Coderre, est d'ailleurs «marginale», ont constaté les sondeurs. À peine 6% des sondés ont dit utiliser Facebook et 1%, Twitter pour obtenir de l'information sur l'administration de Montréal. Les Montréalais continuent principalement à s'informer par l'entremise des quotidiens et des bulletins de nouvelles télévisées.

Problème d'image

L'insatisfaction des Montréalais face à leurs services nuit à l'image de la métropole, constatent les sondeurs. Leur coup de sonde permet de constater que Montréal compte davantage de détracteurs que de partisans parmi ses propres résidants. À peine 25% des sondés recommanderaient à leurs connaissances de vivre à Montréal, tandis que 35% le déconseilleraient. Les autres 40% restent neutres.

Les plus grands détracteurs se trouvent à Lachine. Plus d'un Lachinois sur deux (56%) déconseille de vivre à Montréal. Seulement 7% en font la promotion. À l'inverse, les plus grands promoteurs de Montréal vivent au centre-ville. Pas moins de 46% des résidants de Ville-Marie suggèrent à leurs proches d'opter pour la métropole (29 le déconseillent).

>>> Relisez notre dossier sur le coût des services municipaux