Le scénario catastrophe semble programmé: la construction du nouveau pont Champlain, les péages auxquels le gouvernement Harper tient mordicus et les travaux de réfection dans le tunnel Louis-Hippolyte LaFontaine qui dureront deux ans... Parmi les solutions pour contrer la congestion monstre sur la Rive-Sud de Montréal, des spécialistes et des environnementalistes proposent le télétravail. Deux entreprises ont pris les devants.

Le président de l'entreprise D'Astous Groupe Conseil a décidé de fermer complètement ses bureaux en juillet dernier. Tous ses employés travaillent dorénavant de la maison. «C'est sûr qu'on fait des économies de loyer, mais c'est surtout pour la qualité de vie que j'ai fait ce choix, explique Patrick D'Astous. Un de mes employés va sauver deux heures de trafic par jour.» Déjà, en 2011, il avait fait un premier pas en quittant un gratte-ciel du centre-ville pour déménager son entreprise à Saint-Lambert - loin du trafic et des stationnements coûteux.

De son côté, le propriétaire de l'agence Bunji n'était pas à l'aise de recevoir ses clients à la maison. Jonathan Castonguay a choisi d'acheter un duplex pour y loger son entreprise, dans le Vieux-Longueuil, à distance de marche de chez lui. Pour rentabiliser son investissement, il a créé des espaces de cotravail. «On n'a pas besoin d'être à Montréal pour rencontrer des clients qui sont à Montréal, soutient-il. On a tout ce dont on a besoin dans le Vieux-Longueuil, c'est comme sur le Plateau ou dans le Vieux-Montréal.»

Selon le porte-parole Greenpeace, Patrick Bonin, le télétravail est un outil indispensable pour lutter à la fois contre les problèmes de congestion et les changements climatiques. «Si, une journée par semaine, quelqu'un fait du télétravail, on diminue de 20% ses émissions de gaz à effet de serre; 20%, c'est majeur! On a de la difficulté à aller chercher un 2%.»

À la Fondation David Suzuki, le directeur général Karel Mayrand affirme qu'en diminuant les transports de 5 à 10% grâce au télétravail, les gains seraient déjà importants: «On réduirait la pression à la fois sur les systèmes de transport collectif et sur les systèmes de transport routier.»

La spécialiste Diane-Gabrielle Tremblay, qui fait des recherches sur le télétravail depuis près de 20 ans, va plus loin. «Dans notre société de services actuelle, 40% d'individus peuvent travailler à domicile sur une base occasionnelle. On pourrait même grimper à 50% si ce n'était pas de la réticence de certains cadres. On est prêt à quelque chose de plus incitatif de la part des gouvernements.»

Questionné à ce sujet, le ministre des Transports du Québec, Robert Poëti, affirme que la communauté d'affaires a aussi des besoins. «C'est la communauté d'affaires qui est aussi le moteur de l'économie du Québec. On ne peut pas adapter le télétravail à tout le monde. Il faut les comprendre. Et en même temps, il y a des efforts faits qui sont quand même notables.»

Le télétravail en chiffres

Qui fait du télétravail à temps plein ou à mi-temps?

• 9% des Québécois

• 11% des Canadiens

• 17% des Français

• 20% des Américains

• 25% des Japonais

• 27% des Suédois

• 28% des Belges

• 32% des Finlandais 

71% : pourcentage des télétravailleurs qui affirment que c'est un avantage important dans le choix d'un nouvel emploi. (Sondage annuel Staples-Bureau en gros 2014)

74% : Pourcentage des télétravailleurs qui affirment avoir un meilleur équilibre travail-famille. (Sondage annuel Staples-Bureau en gros 2014)

65% : Pourcentage des employeurs qui permettent le télétravail qui affirment que leurs employés sont plus heureux. (Sondage annuel Staples-Bureau en gros 2014)