Les moyens de pression des pompiers de Montréal mettent-ils la sécurité des Montréalais en danger? La métropole accuse ses combattants du feu de répondre plus lentement aux appels d'urgence depuis deux mois et demande à la Commission des relations de travail (CRT) de les forcer à travailler normalement.

Non contents de recouvrir leurs véhicules de collants, les pompiers auraient aussi ralenti quand vient le temps de répondre aux urgences, avance la Ville de Montréal. Dans une plainte envoyée hier à la CRT, la métropole dit avoir constaté depuis juillet une «hausse du temps de réponse moyen aux appels d'urgence à l'égard desquels interviennent les pompiers». Aucune donnée pour illustrer ce ralentissement n'a été rendue publique hier au moment de mettre sous presse.

Selon nos informations, le syndicat aurait envoyé un mot d'ordre à ses troupes. Depuis le début de l'été, l'Association des pompiers de Montéal demanderait à ses membres de respecter le code de la sécurité routière lors de cas considérés comme «moins urgents», ce qui augmente le temps de réponse. Toutefois, les pompiers ont été invités à ne faire aucun compromis sur les cas d'urgence plus sérieux.

Par sa plainte, Montréal souhaite voir la CRT forcer ses pompiers à «répondre de façon normale et habituelle aux appels d'urgence». La Commission a convoqué la Ville et l'Association des pompiers à une séance de conciliation ce matin, à 9h30. Cette rencontre se déroulera à huis clos.

Sombre ironie, cette plainte survient alors que le Service incendie de Montréal (SIM) lançait le jour même les activités pour le mois de la prévention des incendies.

Montréal voit un lien direct avec les moyens de pression exercés depuis cet été par ses combattants du feu. «Selon la Ville, cette hausse du temps moyen de réponse a été constatée depuis le début du conflit relatif au projet de loi no 3 concernant les régimes de retraite», poursuit le communiqué de la CRT.

«La Ville estime qu'ils utilisent des moyens de pression illégaux et qu'ils diminuent la prestation de travail», a commenté Louis-Pascal Cyr, attaché de presse du maire Coderre.

Le syndicat dément

Le président de l'Association des pompiers, Ronald Martin, a préféré ne pas commenter la plainte de la Ville, hier. Celui-ci a indiqué ne pas avoir reçu les documents présentés par Montréal pour appuyer sa cause.

Le syndicat s'est néanmoins dit surpris par la plainte. L'Association dément avoir donné un mot d'ordre aux membres pour ralentir la cadence dans la réponse aux appels d'urgence ou même réduire le nombre de visites de prévention. «Il y a un paquet de facteurs qui peuvent influencer le temps de réponse. Ça pourrait être à cause des travaux ou des vacances estivales», a indiqué un porte-parole, Alexandre Dumas.

Premiers répondants

D'abord formés pour combattre le feu, les pompiers sont de plus en plus appelés à jouer le rôle de premiers répondants, soit à intervenir lorsqu'une personne signale des douleurs thoraciques, des problèmes respiratoires ou un accident de la route. En 2013, les appels de premiers répondants ont représenté les deux tiers de leurs interventions.

En plus des appels d'urgence, Montréal accuse également ses pompiers d'avoir ralenti la cadence quant au nombre de visites de prévention faites auprès des Montréalais pour assurer la sécurité de leur logement. «La Ville allègue que depuis les mois de juillet et août, une baisse dans le nombre de visites de prévention a été constatée», ajoute la CRT.

Les pompiers sont intervenus en 2013 auprès de 288 000 logis pour s'assurer de la présence et du bon fonctionnement d'avertisseurs de fumée. De plus, près de 8800 inspections générales de résidences, bars, restaurants ou résidences de personnes âgées ont été effectuées.

Les pompiers se trouvent déjà sur la sellette depuis la manifestation du 18 août à l'hôtel de ville. Ce sont principalement des combattants du feu qui ont été accusés au criminel ou qui ont été suspendus en raison des débordements survenus.

La Presse a également révélé la semaine dernière que le SPVM avait constaté aussi une baisse de 40% à 54% du nombre de constats d'infraction donnés par ses policiers.