Le maire Denis Coderre entend prendre le contrôle de la sécurité à l'hôtel de ville de Montréal dans la foulée de la manifestation du 18 août dernier. Son administration demandera officiellement aux élus de lui confier ce nouveau pouvoir à la prochaine réunion du conseil municipal lundi.

Montréal a considérablement resserré la sécurité à l'hôtel de ville depuis la manifestation de cet été où une centaine de syndiqués avaient bruyamment occupé l'édifice pendant près d'une heure, interrompant une séance du conseil municipal. «Il y a des conséquences au saccage du 18 août dernier. On va travailler pour assurer une plus grande sécurité des citoyens, c'est la maison des citoyens», a récemment déclaré Denis Coderre.

Une résolution qui sera débattue lundi prévoit maintenant de «confier au maire les responsabilités relatives à la sécurité des élus, du personnel et des visiteurs de l'hôtel de ville». Depuis la création de la nouvelle Ville de Montréal en 2002, cette tâche relevait plutôt du président du conseil. C'est l'élu Frantz Benjamin qui assume cette fonction depuis l'élection de novembre dernier.

Le changement proposé fera du maire, déjà responsable des mesures d'urgence de la Ville, «la plus haute autorité en matière de sécurité de l'hôtel de ville». La résolution précise que, «en matière de sécurité, il importe que la ligne d'autorité soit directe, claire et limpide, qu'elle ne soit source d'aucune ambiguïté, réelle ou appréhendée, et qu'il n'y ait aucun risque de conflit découlant des responsabilités respectives des différents acteurs».

La résolution ne précise pas les changements envisagés à la sécurité. Chose certaine, Montréal dit avoir déjà prévu «divers mécanismes pour assurer un meilleur contrôle des déplacements de personnes à l'intérieur de l'hôtel de ville», peut-on lire dans un autre document présenté aux élus.

Changements observables

Plusieurs changements sont toutefois facilement observables. Le groupe d'intervention du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), responsable de la gestion des manifestations dans la métropole, a été fréquemment déployé aux abords de l'hôtel de ville, ces dernières semaines. Des dizaines de policiers étaient ainsi dans leur véhicule mercredi lorsque le maire a lancé la consultation sur l'avenir du Champ-de-Mars, un événement qui se déroulait en plein air, au pied de l'édifice de la rue Notre-Dame.

Les portes de l'hôtel de ville ont également été cadenassées à au moins deux reprises depuis un mois de crainte que ne surviennent de nouvelles manifestations. Ce fut le cas le 29 août, lors du dépôt des accusations contre 44 employés et l'annonce d'une enquête administrative sur 63 employés, dont 30 se trouvaient suspendus sur-le-champ. Mêmes mesures de sécurité renforcées le 5 septembre, quand des dizaines de manifestants arrêtés en vertu du règlement P-6 ont été appelés à comparaître à la Cour municipale, le bâtiment voisin de l'hôtel de ville.

Sécurité à la période des questions

Montréal a également annoncé cette semaine avoir modifié la façon de s'inscrire des citoyens qui souhaitent poser une question à leurs élus lors des réunions du conseil municipal. Le tirage au sort pour la période des questions n'aura plus lieu dans l'hôtel de ville, comme cela a toujours été le cas, mais plutôt dans un édifice voisin. Cette mesure a été prise pour éviter les attroupements au rez-de-chaussée de l'hôtel de ville, comme ce fut le cas le 18 août. Seules les personnes à mobilité réduite seront exemptées de l'obligation de se rendre dans le bâtiment voisin.

«On veut s'assurer que les gens puissent poser des questions et qu'on ne vient pas rejouer des games et toucher à l'institution démocratique qu'est l'hôtel de ville», a assuré le maire Coderre, cette semaine.

Montréal a par ailleurs profité de la révision du règlement de régie interne du conseil municipal pour interdire l'échange de coupons de participation entre citoyens pour la période des questions. «Ça arrive qu'un groupe désireux de se faire entendre arrive en nombre important pour participer au tirage avec pour objectif qu'un seul d'entre eux pose une question», a exposé le greffier de la Ville, Yves Saindon, aux élus mercredi. Cette pratique a été jugée injuste pour les citoyens venant seuls. L'échange de coupons sera désormais passible d'une amende de 100 à 1000$.