Louveteau aura bientôt un petit frère ou une petite soeur. La Ville de Montréal s'apprête à adopter un béluga qui viendra s'ajouter à celui que la métropole parraine déjà depuis 1989.

L'administration Coderre a accepté hier de participer à une campagne de financement pour le Groupe de recherche et d'éducation sur les mammifères marins (GREMM).

Elle versera 5000$ pour adopter une baleine blanche, en plus d'offrir un don de 16 981$, soit 1 cent par habitant, pour permettre à de petites municipalités riveraines du fleuve d'adopter elles aussi un cétacé.

L'adoption officielle aura lieu en octobre. Le GREMM compte demander d'ici là aux villes leurs préférences: veulent-elles adopter un béluga mâle ou femelle? Un jeune ou un vieux?

En attendant, le maire a invité les Montréalais à lui suggérer un nom pour baptiser le cétacé. À la blague, il a précisé qu'il écarte l'idée de lui donner son propre nom.

Pas pour le Biodôme

Les amants de la nature peuvent se rassurer, la métropole n'a pas l'intention de rééditer la controverse qu'elle a suscitée au début des années 90 quand elle a tenté d'acheter trois bélugas pour les loger au Biodôme. Ce projet a été abandonné en 1995 devant la gronde populaire.

Cette fois, l'adoption est purement symbolique, le cétacé pourra rester en liberté dans le fleuve Saint-Laurent.

Le béluga adopté en 1989 par Montréal, Louveteau, serait d'ailleurs toujours vivant. Il a été observé pour la dernière fois à l'été 2011. Robert Michaud n'exclut toutefois pas d'en retrouver la trace sur les milliers de photos prises par son équipe sur le fleuve depuis 2012 et dont l'analyse n'est pas terminée.

Louveteau aurait au moins 40 ans - ces mammifères peuvent en effet vivre plus de 75 ans. «C'est un bon gros béluga mâle adulte», décrit Robert Michaud.

Un autre béluga adopté par Québec en 1989 a eu moins de chance. Sa carcasse a été retrouvée en 2011. Quant à Équerre, adoptée par Lachine à la même époque, elle n'a pas été observée depuis plusieurs années.

Le GREMM affirme pouvoir reconnaître de 20% à 25% des bélugas, essentiellement grâce à leurs cicatrices. Louveteau est d'ailleurs l'une des baleines blanches les plus facilement reconnaissables en raison des entailles dans sa nageoire dorsale.

Espèce en péril

Le béluga est sur la liste des espèces en péril depuis le début des années 80. Malgré l'interdiction de la chasse depuis 1979, sa population ne s'est toujours pas rétablie.

Au contraire, alors qu'au début des années 2000, on évaluait que 1200 bélugas vivaient dans le fleuve, ils n'étaient plus que 900 en 2012.

Les chercheurs n'ont pas encore déterminé la cause de ce déclin. Le réchauffement des eaux et la disparition des glaces en hiver, la diminution des stocks de harengs, les contaminants et la hausse du bruit lié au trafic maritime figurent parmi les hypothèses.

Une quinzaine de carcasses de bélugas sont retrouvées chaque année sur les rives du Saint-Laurent. Depuis le début de 2014, sept ont déjà été retrouvées. Si ce nombre n'est pas élevé, la présence parmi eux de quatre nouveau-nés est particulièrement inquiétante, dit Robert Michaud. «C'est une hypothèque sur leur avenir, surtout que le béluga a une durée de vie comparable à celle de l'humain.»

Turcot, Saku, Bixi, Denis Coderre (ou Denis), Montréalosore Rex, Montréal, Meilleur-que-le-stade-des-Nordiques-à-Québec, Lord Varis, Collusion, Groségo, Bé-Lou Bega, Uga, Mordecai Richler.