Le maire de l'arrondissement Anjou, Luis Miranda, entend lancer une pétition la semaine prochaine pour demander au gouvernement québécois de se séparer de Montréal, réveillant le spectre des défusions.

Luis Miranda ne digère toujours pas la révision du budget des arrondissements annoncée cet été par l'administration Coderre. Même si Anjou ressort gagnant de l'exercice -obtenant plus d'argent-, son maire estime que c'est insuffisant.

La grogne est telle à Anjou que Luis Miranda est convaincu de pouvoir récolter 25 000 signatures alors que l'arrondissement compte seulement 30 000 électeurs. Il entend déposer celle-ci à l'Assemblée nationale pour forcer le gouvernement à tenir un référendum sur une défusion.

Un tel scénario semble peu probable. Le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, a déclaré à Radio-Canada qu'il «n'est pas possible et pas souhaitable de se défusionner». Un mécanisme légal existe pour annexer des villes, mais pas pour les démembrer.

«En 2001, il n'y avait rien dans la loi pour fusionner. En 2004, il n'y avait rien pour les défusions. Et aujourd'hui, il n'y a rien pour nous enlever le pouvoir de demander à partir», lance Luis Miranda.

Au cabinet du maire Coderre, on juge également peu probable la tenue d'un référendum. «Le gouvernement a déjà dit qu'il n'était pas à intéressé faire de défusion, alors il n'y en aura pas. La pétition ne change pas la situation», a indiqué un porte-parole du maire, Louis-Pascal Cyr.

Par sa sortie, le maire d'Anjou cherche surtout à rallier les autres arrondissements mécontents face à la ville centre, estime Danielle Pilette, professeure de l'UQAM qui se spécialise en affaires municipales. «Je pense que c'est un ballon politique pour engager le dialogue avec d'autres arrondissements voisins afin de faire pression sur le gouvernement», estime. Elle souligne que ce n'est pas la première fois que Luis Miranda ravive le spectre de la défusion.

Problème de financement

Cette sortie survient alors que l'arrondissement est à préparer son budget 2015. Le maire Miranda indique qu'il doit faire face à une augmentation d'un million de ses dépenses alors que Montréal lui enverra seulement 180 000$ de plus qu'en 2014. «C'est certain qu'on parle de réductions de services», déplore-t-il.

Ces compressions, qui ont par le passé mené à la fermeture de patinoires et de chalets de services dans les parcs, alimentent la grogne, poursuit Luis Miranda. «Ce n'est pas vrai qu'on peut augmenter les taxes en réduisant les services», dénonce-t-il. Selon lui, les Angevins payaient un total de 66 millions en taxes au moment des fusions. Ce montant est aujourd'hui de 104 millions.

Même si Anjou défusionne, la ville reconstituée devrait probablement adhérer à l'agglomération de Montréal et lui verser environ la moitié des taxes collectées. Une perspective qui n'inquiète pas M. Miranda. «Pour parler souvent avec mes collègues des autres villes défusionnées, il n'est pas question pour eux d'un retour en arrière», dit-il.

Lors des dernières élections municipales, Luis Miranda avait fondé son propre parti, Équipe Anjou. Outre la mairie, la formation avait raflé les quatre aux postes en jeu avec de fortes majorités.

L'épisode des défusions avait laissé un goût amer à Anjou où une majorité d'électeurs avait voté en faveur, mais n'avait pas été assez nombreux pour atteindre le seuil des 35% des électeurs inscrits que le gouvernement avait fixé. C'est d'ailleurs Luis Miranda qui avait mené la bataille pour la défusion de son arrondissement.

Anjou n'est pas le seul arrondissement à avoir brandi le spectre des défusions à la suite de l'annonce de la réforme du financement des arrondissements. Outremont aussi avait évoqué cette possibilité.