Confronté à une escalade de moyens de pression contre le projet de réforme des régimes de retraite, le maire de Montréal Denis Coderre s'est montré inflexible: son administration «n'acceptera aucun vandalisme et va être intraitable sur le respect de son mobilier roulant», a-t-il assuré ce matin à son comité exécutif.

Dans ce qui est devenu la traditionnelle «rubrique du maire» hebdomadaire, à la fin de la réunion, il a rappelé que ce sont les syndicats qui devront payer pour les moyens de pression. Policiers et cols bleus, notamment, affichent depuis quelques semaines des collants rouges sur leurs véhicules. Les premiers portent également des vêtements non réglementaires et, fin juillet, ont été anormalement nombreux à utiliser en même temps un congé de maladie.

«Si on trouve des étiquettes, on va continuer à faire ce qu'on  doit faire, les faire enlever et envoyer la facture aux syndicats. Il y a des syndicats qui ont tenté des gestes qui ont provoqué du temps supplémentaire, ce ne sont pas les Montréalais qui vont payer pour ça. On va envoyer la facture, si ce n'est déjà fait, aux syndicats.»

Respect des ententes

Quant aux cols bleus, dont le président Michel Parent a menacé plus tôt cette semaine de recourir à la grève générale illimitée, il leur a demandé de se «calmer le pompon». La semaine prochaine, lors des audiences publiques sur le projet de loi numéro 3 décrié par les syndicats, il plaidera pour que les ententes déjà signées soient respectées. Les cols bleus se sont entendus avec la Ville de Montréal en octobre 2012 sur une convention collective de cinq ans, qui prévoit entre autres que la part de l'employeur pour les régimes de retraite passe de 70% à 55%. Le projet de loi 3 oblige la renégociation des ententes si le coût des retraites n'est pas partagé à parts égales, sauf dans certains cas particuliers.

«Oui, nous sommes d'accord avec le projet de loi no 3, ça ne veut pas dire qu'il ne peut pas y avoir des améliorations, a précisé le maire Coderre. J'ai toujours dit d'ailleurs que ma porte était ouverte, on est ouvert aux négociations. Mais les syndicats veulent garder leurs membres sur le qui-vive, on commence à se radicaliser.»

Décision «immonde» de Postes Canada

Le maire s'est en outre enflammé devant la récente annonce de Postes Canada d'abolir la livraison du courrier à domicile dès 2015 dans la région montréalaise. «Malgré ma rencontre avec le président de Postes Canada et ses sbires, je constate qu'ils n'ont absolument rien compris de notre rencontre. Ils n'ont pas été très forts en ne nous mettant pas au courant de ce qui s'en venait.»

Il a été encore plus virulent concernant une directive de la société de la Couronne qui prévoit les conditions des exemptions pour les personnes à mobilité réduite.

«Je trouve immonde et même stupide le fait de commencer à demander des billets de médecin à des gens à mobilité réduite pour qu'on puisse leur livrer le courrier. J'espère que du côté d'Ottawa, la ministre va intervenir. Ça va à l'encontre des droits, ce n'est pas le rôle de Postes Canada de commencer à jouer de cette façon-là. Je trouve ça totalement inacceptable. On va prendre tous les moyens nécessaires pour empêcher cette façon de faire.»

En guerre contre l'abolition de la livraison à domicile depuis la première annonce en décembre 2013, le maire Coderre s'en est pris aux responsables de Postes Canada, leur demandant «de s'enlever le doigt de dedans le nez et de commencer à penser qu'ils sont là pour la population. Leur rôle, c'est aussi de livrer du courrier.»