L'éditeur et ex-candidat à la mairie Michel Brûlé s'estime brimé par l'administration du Plateau-Mont-Royal, qui ne veut pas lui permettre d'aménager un garage au rez-de-chaussée de sa maison, dans une petite rue de l'arrondissement.

«Aucun règlement n'interdit d'avoir un garage, mais le comité consultatif d'urbanisme prend des décisions qui s'appuient sur les politiques du parti (Projet Montréal) et non sur la réglementation», affirme M. Brûlé, en entrevue avec La Presse.

Faux, répond Guillaume Cloutier, attaché politique de l'opposition officielle au conseil municipal.

«On lui demande simplement de se soumettre au même processus que tout le monde, comme n'importe quel autre citoyen», dit-il.

M. Brûlé se demande s'il est victime de représailles politiques, lui qui a obtenu 1,4% des suffrages lors de la dernière élection municipale.

«J'ai été candidat à la mairie et il y a des gens comme [Luc] Ferrandez [le maire de l'arrondissement] qui sont très vindicatifs», dit-il.

Il ajoute être pressé d'obtenir cette dérogation parce qu'il a une promesse d'achat conditionnelle à ce qu'un garage puisse être aménagé.

Il assure que les 2 millions offerts représenteraient le plus haut prix jamais payé pour une maison dans l'arrondissement, si la transaction se réalisait.

Mais M. Brûlé n'a aucune raison de se plaindre, selon Projet Montréal.

«On ne peut pas faire d'exception et M. Brûlé ne peut pas nous suggérer de ne pas respecter les règles», dit M. Cloutier.

Premier refus

Le garage a été refusé une première fois en 2010 par le comité consultatif d'urbanisme (CCU), alors présidé par la conseillère Josée Duplessis. Il en serait probablement de même aujourd'hui, estime M. Cloutier.

Le CCU du Plateau-Mont-Royal est aujourd'hui présidé par la conseillère Marie Plourde, qui n'était pas joignable hier, selon M. Cloutier.

M. Brûlé estime que si sa demande était refusée, ce serait une décision arbitraire. «Les gens acceptent les décisions du CCU sans savoir qu'elles ne s'appuient pas sur la réglementation», dit-il.

Encore faux, rétorque M. Cloutier.

Le rôle du CCU est de traiter les demandes de permis en fonction du Plan d'implantation et d'intégration architecturale de l'arrondissement.

Ce document existe dans toutes les villes et sert de guide dans le traitement des permis de construction ou de rénovation. Son but explicite est de «préserver le cachet du Plateau».

Chaque zone du Plateau-Mont-Royal est divisée en «aires de paysage», qui sont elles-mêmes divisées en «unités de paysage».

La maison de M. Brûlé appartient à l'unité numéro 10 de l'aire numéro 4.

La Presse a parcouru toutes les rues de cette unité et a trouvé un seul autre garage au rez-de-chaussée, sur une façade de bâtiment résidentiel de plus d'un étage.

S'il est vrai que rien n'interdit les garages au rez-de-chaussée, cela ne veut pas dire pour autant qu'ils doivent se multiplier, note M. Cloutier.

«C'est évident que sur le Plateau, les garages au rez-de-chaussée ne font pas partie du paysage, dit-il. Et c'est évident que si le CCU a refusé un garage en 2010, il n'y a aucun nouvel élément qui justifierait une décision différente en 2014.»

Quant au seul autre exemple de garage, il s'agit d'une «erreur du passé». «Il n'y a aucune obligation de la part des services, du CCU ou des élus de répéter cette erreur, dit M. Cloutier. S'il y a une maison avec des briques blanches et des lions qui a été faite dans le passé, ça ne devient pas le standard pour autant.»

Un garage pour auto électrique

L'acheteur éventuel de la maison de Michel Brûlé est propriétaire d'une voiture électrique, une Tesla. C'est pour cette raison qu'il tient à avoir un garage, afin de recharger la batterie, affirme M. Brûlé. Mais cela n'est pas une raison pour accorder une dérogation à M. Brûlé, estime Guillaume Cloutier, attaché politique de l'opposition officielle au conseil municipal. «On ne va pas détruire tous les premiers étages du Plateau-Mont-Royal pour faire des garages d'autos électriques, dit M. Cloutier. Il y a des projets avec Hydro-Québec pour mettre des bornes de recharge dans l'espace public. Il est évident que dans le contexte du Plateau, c'est là qu'il faut les mettre.»