Après la manifestation houleuse devant l'hôtel de ville le mois dernier, les policiers de Montréal reviennent à des moyens de pression plus classiques pour protester contre la réforme des régimes de retraite. À compter de vendredi 15h, ils arboreront tous une casquette rouge et troqueront le pantalon réglementaire pour un jeans ou un pantalon de couleur.

Réunis en assemblée ce matin dans un centre de congrès de Montréal-Nord, 150 délégués ont ainsi donné le mandat à leur syndicat de lancer cette nouvelle forme de moyen de pression. «Il faut commencer quelque part, a expliqué le président de la Fraternité, questionné sur le caractère peu dérangeant de cette initiative. Nous sommes un syndicat responsable, et la loi ne nous donne pas une grande marge de manoeuvre. Nous ne voulions pas toucher aux services aux citoyens.»

Pas de déficit chez les policiers

Les quelque 4400 policiers de Montréal contribuent actuellement pour 24% de leur régime de retraite, la Ville assumant les 76% restants. Selon M. Francoeur, il s'agit d'un choix «historique» selon lequel les policiers ont accepté des salaires plus bas en échange de meilleures conditions de retraite. «Côtoyer la misère humaine au quotidien, ce n'est pas vrai que vous pouvez faire ça 35 ou 40 ans comme si de rien n'était.»

La Fraternité estime que la loi 3, qui impose un partage à parts égales des coûts des retraites, est totalement «aberrante» dans le cas des policiers montréalais, dont le régime est capitalisé à 106%. On rappelle en outre que la Ville a pris dix années de congé de cotisation, entre 1997 et 2007, pour un montant d'un demi-milliard.

Le président Francoeur a en outre dénoncé le manque de volonté de négocier de l'administration Coderre. «C'est silence radio du côté de la mairie. On regarde le projet de loi, ils n'ont aucun intérêt à négocier quand le résultat final est prévisible.»

Interrogé sur les possibilités de représailles après la manifestation du 17 juin, alors que l'enquête interne du Service de police est toujours en cours, il a assuré que les policiers étaient prêts à les assumer. «Si on a le choix de se faire couper 15 minutes de salaire, soit 9$, ou être pris à payer 114$ par semaine, le choix est facile à faire pour moi.»