L'Agence métropolitaine de transport (AMT) envisage de prolonger le corridor d'autobus du pont Champlain jusqu'à Saint-Jean-sur-Richelieu, au carrefour des autoroutes 10 et 35, afin d'offrir aux usagers des transports collectifs de la banlieue sud un accès rapide jusqu'au centre-ville de Montréal en pointe matinale.

Après 35 ans d'exploitation dite «temporaire», entre Brossard et Montréal, l'accès à la voie réservée aux autobus sur le pont Champlain sera prolongé, dans un premier temps, jusqu'au carrefour des autoroutes 10 et 30 dès l'automne prochain.

Un appel d'offres public lancé en mai dernier prévoit l'aménagement d'un corridor de circulation de 2,5 km, situé du côté gauche de la chaussée de l'A10. Un muret de béton qui sépare actuellement les voies de circulation de l'autoroute 10 devra être déplacé, et des travaux de réfection de la chaussée seront nécessaires pour aménager cette nouvelle voie d'insertion pour les autobus.

Le «raccourci» permettra aux autobus arrivant de l'A30 d'accéder directement à la voie réservée qui mène au pont Champlain, et ce, sans passer par le territoire de la ville de Brossard, comme ils doivent le faire actuellement.

L'infrastructure qui permet une approche rapide en direction du pont, en évitant le trafic automobile, se trouve au centre de l'autoroute 10. Elle n'est actuellement accessible qu'à partir du stationnement incitatif Chevrier de l'AMT, situé en bordure de l'A10, et de la gare d'autobus Panama, dans la municipalité de Brossard.

Selon l'AMT, l'aménagement du nouvel accès permettra chaque jour à 125 bus de réduire d'une à quatre minutes leur temps de parcours habituel vers Montréal pendant la pointe du matin.

Le coût des aménagements prévus est estimé à environ 3 millions, selon une porte-parole de l'AMT, Brigitte Léonard.

Jusqu'à l'A35

Dans un deuxième temps, l'AMT étudie la possibilité d'étendre le corridor d'autobus de l'A10 bien au-delà du carrefour des autoroutes 10 et 30, et de l'étirer de plus de 30 km vers l'est, soit jusqu'au carrefour de l'A35. Aucune estimation de coût n'a encore été avancée pour une telle intervention, puisque le scénario doit encore faire l'objet de nombreuses études, ne serait-ce que pour en confirmer la faisabilité.

Les études devront déterminer, entre autres, où les autobus circuleront sur l'A10 entre les autoroutes 35 et 30. Circuleront-ils sur l'accotement de l'autoroute ou sur une infrastructure distincte construite au centre de l'autoroute? Où seront construits les stationnements incitatifs pour les usagers qui veulent se rendre au corridor d'autobus en automobile et y laisser leur voiture pour la journée?

«Nous sommes en train d'évaluer si ce prolongement peut se faire en site propre, sur quelle distance, et par tronçons ou non, a indiqué la porte-parole de l'AMT. Nous prévoyons obtenir des autorisations en 2015 pour réaliser le projet en 2016.»

Depuis la fin des années 70, les autobus qui traversent le fleuve Saint-Laurent aux heures de pointe, le matin et le soir, disposent d'une voie réservée sur le pont Champlain. Les bus circulent à contresens du trafic sur une des voies de circulation, dans la direction opposée à la pointe.

Mis en place de façon temporaire à la fin des années 70, ce service est devenu avec le temps une composante essentielle du réseau métropolitain de transports en commun, entre la Rive-Sud et la métropole, au même titre que la ligne 4 (jaune) du métro.

Environ 22 000 personnes traversent ainsi le fleuve chaque matin, en autobus, en direction de Montréal, et un nombre équivalent utilise les services de bus vers la Rive-Sud durant la pointe de fin de journée.

Depuis un an, la fin de ce service de bus était envisagée pour 2021, avec l'implantation annoncée d'un train de type système léger sur rail (SLR) sur le nouveau lien qui remplacera le pont Champlain d'ici 2018.

Le nouveau gouvernement libéral élu en avril a toutefois remis en question ce projet ferroviaire, estimé à plus de 2 milliards. Une décision sur l'implantation d'un SLR ou sur le maintien des services d'autobus sur le nouveau pont sera prise d'ici un an, quand les coûts et bénéfices de chacun des scénarios auront été documentés.

Peu importe le scénario privilégié, a fait savoir récemment le ministre des Transports du Québec, Robert Poëti, les services d'autobus devraient être maintenus au moins jusqu'en 2023 sur le nouveau pont entre la Rive-Sud et Montréal.