La moitié des cadres promus au cours des six premiers mois de 2013 à la Ville de Montréal ont obtenu leur poste sans affichage, révèle un rapport de la Commission de la fonction publique (CFPM). Celle-ci dénonce le manque d'équité et s'inquiète du favoritisme possible.

En septembre 2011, la métropole a adopté une nouvelle politique d'embauche. Ces nouvelles règles prévoyaient que, dans certaines circonstances bien précises, les postes de cadre vacants pouvaient être pourvus par des nominations sans appel de candidatures.

Selon la CFPM, la Ville s'était engagée à favoriser les appels de candidatures. En effet, ce processus permet à tous de postuler, tandis que «les nominations sans appel de candidatures demeureraient des cas d'exception et non une pratique courante».

Ce n'est pourtant pas ce qui s'est produit, déplore aujourd'hui la CFPM. Pour 275 postes de cadre pourvus durant les six premiers mois de 2013, 131 personnes ont été nommées sans processus d'affichage, soit 48%.

C'est davantage encore qu'en 2012, alors que 30% des postes de cadre avaient ainsi été pourvus sans appel de candidatures.

«Ce ratio révèle que la situation est critique étant donné le risque de favoritisme lié à ce type de nominations», peut-on lire dans le rapport de la Commission.

Règles contournées

Après analyse, la CFPM considère aussi que les trois quarts des nominations sans affichage étaient non conformes. Elle dénonce le manque d'encadrement dans l'application des règles justifiant le fait de ne pas ouvrir les postes à tous. «S'il n'est pas pleinement fondé, un comblement sans affichage peut être une façon de contourner le processus régulier et de favoriser la nomination de cadres pressentis», peut-on lire.

Dans son rapport, la Commission constate que les deux tiers des cadres sont nommés de façon temporaire. Mais 90% d'entre eux finissent par occuper ce poste de façon permanente.

La Commission craint qu'on tente ainsi de «régulariser le cheminement selon lequel un employé pressenti est d'abord nommé temporairement sans affichage, puis dans le cadre d'un processus régulier, de façon permanente».

La CFPM estime que cette pratique «retire aux éventuels candidats la chance de se faire valoir».

En plus d'empêcher plusieurs personnes d'obtenir des promotions, la Commission estime que la Ville ressort perdante de cette pratique, puisqu'elle peut ainsi «ne pas avoir choisi l'employé le plus compétent pour le poste visé».