En colère contre la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), plusieurs centaines de motocyclistes ont roulé du Mont-Saint-Hilaire au centre-ville de Montréal, dimanche après-midi, afin de réclamer que la société d'État rétablisse un dialogue sur divers enjeux, dont les coûts élevés pour l'immatriculation.

« La SAAQ s'en sacre des motos. Ils sont supposés s'occuper de nous, mais ne veulent rien savoir de nous parler », a vivement dénoncé l'organisateur en chef de la manifestation, Noël Pépin, aussi administrateur du Comité d'action politique des motocyclistes (CAPM), un groupe associé à la Fédération motocycliste du Québec (FMQ), qui représente 5000 membres dispersés aux quatre coins de la province. 

Réunis sur l'avenue McGill College devant les bureaux montréalais du premier ministre Philippe Couillard, ils ont vite fait de transformer cette artère fortement achalandée du centre-ville en grand stationnement de motos. Les manifestants réclament que la SAAQ accepte de négocier sur ce qu'ils qualifient de coûts exorbitants pour l'immatriculation, les assurances, les classifications de motos, la sonorisation et la cohabitation sur les routes avec les automobilistes.

« Le seul fait d'être rassemblé ici de façon pacifique est symbolique. On laisse savoir au gouvernement que les motocyclistes sont des usagers de la route à part entière et que nous voulons être considérés comme tels », a scandé devant la foule Patrick Chaput, aussi administrateur au CAPM. 

De son côté, la SAAQ n'entend pas négocier sur les coûts associés à l'immatriculation ou aux assurances.

« Le processus inscrit dans la loi (en ce qui concerne la tarification et les assurances) prévoit la création d'un comité d'experts indépendants. La Société va présenter prochainement sa proposition pour la tarification et les primes d'assurances pour l'ensemble des usagers de la route. C'est à ce moment-là qu'on invitera l'ensemble des usagers à faire part de leurs commentaires lors (d'audiences publiques) », a expliqué le vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de la SAAQ, Dave Leclerc. 

La prochaine proposition de la société d'État doit être publiée d'ici la fin 2014, estime M. Leclerc, pour les tarifs qui seront en vigueur en 2016, 2017 et 2018. Le conseil d'experts, formé par le gouvernement, organisera ensuite les consultations publiques, qui se tiendront l'an prochain.

Entre temps, la SAAQ a confirmé à La Presse qu'elle rencontrera différents acteurs liés au milieu motocycliste en juin prochain, dont les membres du CAPM et du FMQ qui ont manifesté aujourd'hui, lors d'une rencontre qui aura lieu à Drummondville où il est prévu revoir les exigences du cours de moto.  

Une autre manif dans le Mile-End 

Toujours dimanche après-midi, à quelques kilomètres plus loin sur l'avenue Laurier, dans le quartier Mile-End de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, un autre groupe de motocyclistes a aussi manifesté contre la SAAQ. Réunis au sein du Mouvement des motocyclistes du Québec (MMQ), ils ont lancé une campagne de financement afin de payer les coûts liés à un recours collectif qu'ils intentent contre la société d'État. 

« Rappelons qu'en dépit du fait que le Québec soit doté d'un régime d'assurances corporelles sans égard à la faute, les 150 000 motocyclistes du Québec sont tenus de payer deux à quatre fois plus cher pour leur immatriculation, alors qu'une motocyclette n'est sur la route que durant six mois dans l'année », a expliqué par voie de communiqué Denis Robert, porte-parole du MMQ. 

L'initiative du MMQ n'est toutefois pas appréciée de tous. Du côté de la Fédération motocycliste du Québec, on croit que certains « cherchent l'affrontement », ce qui explique en partie le silence de la SAAQ.

« On leur souhaite tout de même de gagner en Cour, mais nous ne croyons pas que ce soit la bonne manière d'agir. Ils ont peu de chance de succès. De notre côté, nous respectons les règles. Ils ont voulu se joindre à nous, aujourd'hui, mais une fois que nous leur avons expliqué nos manières de faire, ils ont préféré s'abstenir », a expliqué l'administrateur au CAPM, Noël Pépin.

La SAAQ a pour sa part refusé de commenter l'action du MMQ, puisque le dossier est devant les tribunaux.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE