Un an après le retour de la cuisine de rue à Montréal après une absence de 66 ans, le maire Denis Coderre estime que le projet-pilote a fait son temps. L'an prochain, plus de camions sillonneront la métropole, dans d'autres arrondissements que Ville-Marie.

«Le projet-pilote, c'est assez, on va l'élargir partout en ville. Montréal, sa diversité, ce n'est pas seulement son centre-ville, c'est l'ensemble de ses arrondissements. Que ce soit à Rosemont, à Montréal-Nord, ailleurs...»

Selon les «opportunités»

Il compte présenter l'idée à la table des maires. La cuisine de rue ne sera «probablement pas» disponible dans les 19 arrondissements, estime-t-il. «Évidemment, il y a toute une question de marché, de capacité, d'accessibilité. J'ai créé une table des maires exactement pour ça.»

Il se refuse en outre à préciser quel sera le nombre de camions autorisés - ils sont 30 cette année. Le maire a donné en exemple le chalet du mont Royal et la berge en face de l'île Sainte-Thérèse, à Pointe-aux-Trembles, comme des lieux d'intérêt.

«À chaque occasion, il peut y avoir des opportunités. Dans le contexte des célébrations du 375e, on va être en mesure de regarder où on peut avoir des points de chute de façon inclusive et complémentaire. Il y a plein de bouffe de rue à New York et ça n'empêche pas que les restaurants sont pleins pareil.»

Badin, il a annoncé qu'il allait profiter de la conférence de presse de ce matin pour goûter à un des hot dogs de Sô6 (prononcer «saucisse»), un des restaurateurs qui fait partie du projet-pilote cette année. Quel est son péché mignon, lui a-t-on demandé ? «Tout ce qui est comestible, a-t-il répondu en riant. J'ai la gueule de l'emploi, malheureusement.» Les journalistes ont saisi la balle au bond pour lui rappeler que des métropoles comme Toronto et New York ont une offre culinaire nettement plus abordable et populaire que celle qui est offerte à Montréal.

«Montréal est unique, a-t-il répondu, mi-sérieux. Vous voulez me comparer à Toronto et New York ? Nous devons regarder ça, c'est une partie de notre culture et de notre joie de vivre. Je suis un facilitateur.»

L'offre ne sera pas «tous azimuts», a-t-il précisé. Il rappelle qu'on accorde la priorité à la «qualité de la nourriture et à la salubrité». «Je pense que ça prend des critères, de toute façon. Je veux faire ça de façon inclusive, festive. Manger santé, de façon abordable. Je ne comprends pas que ça ait pris autant de temps pour avoir la bouffe de rue. J'y crois en ce projet, je ne veux plus qu'il soit pilote, mais à la grandeur de la ville. La volonté politique est clairement là.»

«Hors de question» pour les restaurateurs

La sortie du maire Coderre a été qualifiée d'«insultante» par l'Association des restaurateurs du Québec, qui craint qu'on assiste l'an prochain à une explosion du nombre de camions.

«Avant de dire n'importe quoi, M. Coderre devrait se pencher sur le dossier pour être sûr qu'il ne pile pas sur le gros orteil de personne, dit son porte-parole, François Meunier. L'élargissement dans toute la ville, c'était prévu. Mais de permettre n'importe quoi n'importe comment, ça, c'est hors de question.»

M. Meunier rappelle qu'un comité est actuellement chargé de définir le cadre réglementaire de la cuisine de rue pour l'année prochaine. Plus d'une vingtaine de fonctionnaires et des représentants des principaux groupes y siègent. Il a tenu sa première réunion... ce matin.

«Nous, on a accepté de participer au processus à la condition qu'il soit fait intelligemment. Qu'on dise qu'à New York, les restaurants sont pleins, je veux bien. Mais il y a 50 millions de visiteurs par année qui dépensent 37 milliards de dollars. On s'entend-tu qu'on n'est pas comme ça à Montréal ? Les restaurateurs qui ont pignon sur rue en arrachent dans certains secteurs. De penser que la bouffe de rue, c'est la plus belle invention après le pain tranché... on repassera.»

Il rappelle que plus de 5000 restaurateurs paient des taxes foncières à Montréal. «Il faudrait peut-être aussi avoir du respect pour ces gens-là avant de dire qu'on va mettre des camions partout dans l'île. J'aimerais ça qu'on ait un maire qui se rappelle qu'il y a des gens qui sont déjà là et qui ont droit eux aussi à avoir leur place au soleil.»

Les 30 restaurateurs retenus en 2014

•   Alexis Le Gourmand

•   Boîte à Fromages 

•   Les Brigands 

•   Café Larue & fils 

•   Café mobile Dispatch

•   Camion Au Pied de Cochon 

•   Chaud Dogs 

•   Le Cheese 

•   Crêpe-moi! 

•   Dasfoodtruck 

•   Dim Sum Montréal 

•   Fous'Truck, bar à croissants

•   Gaufrabec 

•   Le Gourmand Vagabond 

•   Grumman '78 

•   Landry & filles

•   Lucille's

•   Lucky's Truck

•   Nomade So6 par Accords

•   Ô soeurs volantes

•   P.A. & Gargantua

•   La Panthère mobile

•   Pas d'cochon dans mon salon

•   Phoenix 1

•   Le point sans g

•   Le Quai roulant

•   Le Super Truck

•   Le Tuktuk

•   Winneburger

•   Zoe's

Les 14 sites

•   Cité du multimédia (rue de la Commune Ouest, à l'angle de la rue Brennan)

•   Collège Dawson (avenue Atwater, à l'angle du boulevard De Maisonneuve Ouest)

•   Musée McCord (rue Victoria, à l'angle de l'avenue du Président-Kennedy)

•   Parc Médéric-Martin (rue de Rouen, à l'angle de la rue du Havre)

•   Place d'Armes (rue Saint-Jacques, à l'angle de la rue Saint-François-Xavier)

•   Rue Lambert-Closse (au sud du boulevard René-Lévesque Ouest)

•   Quartier de la santé (rue Saint-Denis, au sud de l'avenue Viger Est)

•   Square Dorchester (rue Metcalfe, aux abords du parc)

•   Square Phillips (rue Cathcart, aux abords du parc)

•   Square Victoria (rue Saint-Antoine Ouest, entre les rues du Square-Victoria et Saint-Alexandre)

•   Université Concordia (rue Mackay, au nord du boulevard De Maisonneuve Ouest)

•   Parc du Mont-Royal (avenue du Parc, face au monument à sir George-Étienne Cartier, fin de semaine seulement)

•   Près du parc Bellerive, les jours de feux d'artifice de La Ronde (rue Fullum, au nord de la rue Notre-Dame Est)

•   Place Émilie-Gamelin, les jeudis dès le 22 mai (rue Sainte-Catherine Est, à l'angle de la rue Saint-Hubert)