Une requête des créanciers de BIXI, qui aurait pu compromettre la saison 2014, a finalement été abandonnée en cour ce mercredi matin, après une entente de dernière minute entre les avocats.

Les représentants de plusieurs créanciers importants de la Société de vélo en libre-service, dont Devinci, 8D, Alta Bicycle Share et CIF Metal, tentaient de bloquer la vente des actifs d'une valeur théorique de 11,9 millions à la Ville de Montréal. Celle-ci devait être autorisée ce matin, prélude obligé pour que la nouvelle entité créée par la Ville, BIXI-Montréal, puisse reprendre la gestion des opérations après le 30 avril. L'avocat de CIF Metal, Alain Tardif, a cependant demandé un report de l'audience pour pouvoir contester cette vente d'actifs.

Il plaidait essentiellement que la transaction n'avait pas été effectuée dans le cadre d'un «processus raisonnable et de bonne foi», pendant lequel d'autres acheteurs auraient pu être sollicités. Il voulait notamment faire témoigner d'ex-cadres de la Ville et de SVLS pour prouver que Montréal contrôlait dans les faits les activités liées au BIXI depuis 2009.

Juge sceptique

Pour les avocats de SVLS et de la Ville, ce report aurait mis en péril la tenue de la saison 2014. Ils ont rappelé que la situation financière de SVLS était intenable et que les coffres seraient à sec d'ici la fin du mois. Et la Ville ne fera pas de «nouvelles avances de fonds à SVLS», a expliqué Me Alain Riendeau.

Le juge Mark Schrager a semblé quelque peu sceptique quant à la pertinence de la démarche des créanciers. Techniquement, il aurait fallu qu'un acheteur offre au moins 27 millions, soit ce qui reste de la dette de SVLS auprès de la Ville de Montréal, pour que la transaction ait un intérêt. Or, les actifs montréalais de BIXI ont été achetés il y a cinq ans pour une vingtaine de millions.

«Il est totalement illusoire de penser que quelqu'un viendrait offrir 26 ou 27 millions, a argué Patrice Benoit, avocat de la Ville. Ce qu'on vous demande, c'est de repousser l'inéluctable pour des considérations théoriques et tactiques.»

Le juge a cependant semblé prêt à accorder un report «pour une courte période de temps». Le débat est devenu caduc après une pause d'une vingtaine de minutes : les avocats des deux parties se sont entendus sur une autre procédure, le «délaissement volontaire». Au lieu de vendre ses actifs à la Ville, réduisant d'autant sa dette, SVLS les transfère à son principal créancier. La dette de 27 millions, quant à elle, s'éteindra avec la disparition de l'organisme.

Cette procédure, dans les faits, ne change strictement rien au résultat final, ont précisé les avocats de SVLS et de la Ville : c'est BIXI-Montréal qui gérera les 5120 vélos en libre-service d'ici un mois.

«C'est de la pure mécanique», a résumé Me Riendeau. 

Trois offres pour Rodi

Les avocats des créanciers n'ont pas voulu commenter ce revirement. Me Alain Tardif a brièvement expliqué qu'il s'agissait de «la position de (son) client». Le «délaissement volontaire» sera finalisé la semaine prochaine.

On a par ailleurs appris que la vente des actifs internationaux de BIXI à Bruno Rodi serait finalisée vendredi. Le nouveau propriétaire aurait par ailleurs reçu trois offres, dont une de son rival REQX, la semaine dernière, peu après avoir remporté la mise. Il les a refusées.