Chacun des vélos BIXI que la Ville de Montréal compte racheter lui coûtera 412$, révèle un inventaire des actifs de la Société de vélo en libre-service (SVLS). Ce bilan rapportant peu de vols et de bris en cinq ans d'activités permet de constater que le système semble encore en bon état, disent deux experts.

La récente mise en faillite de la SVLS et le rachat de ses achats par Montréal pour 11,9 millions permettent de lever peu à peu le voile qui entourait la gestion de BIXI. Daté du 31 décembre, l'inventaire des actifs de la société permet ainsi d'apprendre que chacun des vélos a été acheté pour 910$.

Après cinq années à rouler dans les rues de Montréal, les vélos vaudraient encore 412$, selon l'évaluation comptable de la Ville. La métropole a donc accepté de payer 2,1 millions pour récupérer 5034 vélos. Ceux-ci s'ajouteront aux 101 qu'elle possédait déjà. Soulignons que Westmount et Longueuil resteront propriétaires des appareils sur leur territoire, soit 50 et 70 vélos respectivement.

La facture de Montréal sera toutefois plus salée pour racheter les 403 stations d'ancrage de BIXI. La métropole paiera pour celles-ci 8,7 millions, soit 21 600$ en moyenne. Dans son inventaire, la SVLS dit quant à elle avoir payé 36 000$ par station.

La SVLS s'était toujours faite discrète sur le prix réellement payé pour acheter les vélos BIXI à Montréal. Après tout, la Société vendait ces vélos pour environ 1200$ aux villes américaines qui optaient pour le système montréalais. Ce sont du moins les chiffres avancés dans l'un des rares contrats rendus publics, soit celui de la ville d'Arlington, en banlieue de Washington.

Date de péremption repoussée

À l'origine, la SVLS prévoyait que ses vélos pourraient rouler huit ans, ce qui la forcerait à renouveler sa flotte de vélos à partir de 2016. Mais plusieurs signes indiquent que les appareils pourraient continuer à remplir leur fonction au-delà de cette date.

D'abord, seulement 35 des 5430 vélos achetés depuis 2009 sont aujourd'hui considérés comme «impossibles à réparer». «Après cinq saisons, qu'il y en ait 35 d'irréparables, c'est un très bon signe. Pour un vélo qui change de mains plusieurs fois par jour, ça montre que c'est un vélo robuste» », dit Suzanne Lareau, PDG de Vélo Québec.

Bien entretenus, ces vélos dont le cadre est en aluminium pourraient rouler 20 ans, évalue sommairement André Desrosiers, professeur à l'École de design de l'UQAM. «C'est une question d'entretien. C'est comme les autos: elles peuvent durer 10 ou 15 ans, mais ça ne dure pas 15 ans si on ne les entretient pas.»

BIXI se révèle aussi beaucoup plus efficace pour contrer le vol que les autres principaux systèmes. La SVLS rapporte avoir perdu la trace de 140 vélos depuis le début de ses activités. En comparaison, les responsables du système parisien Vélib' reconnaissent s'être fait voler pas moins de 9000 vélos seulement en 2012, soit le tiers de leur flotte.

Suzanne Lareau rappelle qu'une attention particulière au vol avait été apportée lors de la conception de BIXI. Conçues sur mesure, les pièces sont impossibles à récupérer sur d'autres vélos.

Selon un document qui sera présenté aux élus lundi, Montréal espère lancer la saison 2014 de BIXI le 13 avril prochain. Soulignons que Longueuil aussi reverra rouler ses 70 vélos associés au système montréalais.