Dans un geste inusité, le maire de Montréal, Denis Coderre, a confié l'important dossier du recouvrement d'une portion de l'autoroute Ville-Marie au chef de l'opposition, Richard Bergeron.

Celui-ci, qui est urbaniste de formation, aura la tâche de «livrer» ce projet pour 2017, année des célébrations du 375e anniversaire de Montréal. M. Bergeron, qui avait annoncé son départ de la politique d'ici la fin 2015, a admis avoir maintenant «trouvé des raisons d'allonger [sa] présence au conseil municipal».

En point de presse à l'hôtel de ville ce matin, le maire et le chef de l'opposition ont tous les deux salué leur association pour ce «projet important, d'envergure qui va rallier tous les Montréalais», selon M. Coderre. Il estime que le recouvrement partiel de l'autoroute permettra de «rehausser la valeur patrimoniale» du secteur.

Il a expliqué que les connaissances «approfondies» en urbanisme et la «ténacité» de Richard Bergeron en font l'élu tout désigné pour piloter ce dossier. Son rôle est quelque peu inédit puisqu'il ne fera pas partie du comité exécutif, l'équivalent du conseil des ministres à la Ville de Montréal. «C'est un dossier politique ponctuel, a résumé le maire Coderre. Vous avez deux pit-bulls ensemble sur un dossier commun, ça va être intéressant.» 

Un rêve depuis 25 ans

Le segment visé par le recouvrement touche 125 mètres, des rues Sanguinet à Hôtel-de-ville. Le coût de ce chantier, dont le maître d'oeuvre est le ministère des Transports du Québec, serait d'environ 40 millions. Selon M. Coderre, le ministre des Affaires municipales Sylvain Gaudreault s'est montré «ouvert» au projet, pour lequel il espère lancer l'avant-projet dès 2014. Que se passera-t-il si Québec refuse d'embarquer? Le maire a éludé la question. «Il faut que nous, sur notre territoire, on dise ce qu'on veut. On peut abdiquer et dire "Tout à coup qu'ils ne veulent pas". Si on attend après les autres, on n'aura jamais rien.»

Au cabinet du ministre Gaudreault, on indique que «le recouvrement de l'autoroute n'est pas dans les cartons. Les coûts qui y seraient associés sont trop élevés dans le contexte actuel.»

Il s'agit au mot près de la réaction du Ministère en juin 2013, quand une étude de faisaibilité évaluait les coûts totaux du recouvrement à 1,5 milliard. «Notre position est inchangée, contrairement à ce que laisse croire le premier magistrat de Montréal», a précisé par courriel l'attaché de presse du ministre, Yann Langlais Plante.

Richard Bergeron reconnaît que «l'échéancier est très serré», mais se montre très enthousiaste. «Ça fait plus de 25 ans que je rêve à ce recouvrement.» Il a précisé que ses conseillers ont appuyé à l'unanimité son offre de collaboration avec le maire Coderre. L'attitude «ouverte et fonceuse» de ce dernier l'a par ailleurs convaincu de prolonger son engagement en politique, a-t-il expliqué. «Disons que l'ambiance n'est plus tout à fait la même que quand j'avais annoncé mon départ trois jours après les élections.» S'engage-t-il à rester chef de l'opposition jusqu'en 2017? «On verra bien», répond-il.