Le tarif réduit de transport en commun pour les moins nantis et les personnes âgées promis par Denis Coderre en campagne électorale l'automne dernier «ne fait pas partie des hypothèses» étudiées par la Société de transport de Montréal (STM).

En fait, le président de la STM, Philippe Schnobb, ne se rappelait pas cette promesse lorsqu'il a été interrogé à ce sujet lors de l'étude du budget, qui se déroulait hier à l'hôtel de ville. Le 8 octobre dernier, devant un parterre d'étudiants, Denis Coderre avait pourtant affirmé vouloir créer un «tarif social» et modifier la grille tarifaire pour aider les clientèles dans le besoin. Il avait cependant ajouté qu'il voulait consulter les budgets de la Ville et de la STM avant de faire tout changement.

Lorsque le conseiller Guillaume Lavoie, de Projet Montréal, lui a confirmé que la promesse de M. Coderre avait fait l'objet d'un article, le nouveau président de la STM a simplement précisé que ce «tarif social» n'avait pas été inclus dans le budget 2014.

Celui-ci, a-t-il précisé tout au long de sa présentation, est clairement sous «le signe de l'austérité». Il estime qu'offrir le transport gratuit aux 65 ans et plus, comme le fait notamment Laval, coûterait «de 25 à 30 millions» à la STM. En décembre dernier, la STM devait encore trouver 55 millions pour boucler son budget. Elle l'a fait en imposant notamment une hausse de tarifs aux usagers qui lui rapporteront 18,4 millions et en diminuant le nombre d'heures de service.

On s'attend de plus à recevoir près de 20 millions en «nouveaux revenus», essentiellement grâce à la Politique québécoise de la mobilité durable qui sera annoncée lundi prochain.

Il a convenu que l'usager «fait largement sa part et paie presque 50% des coûts».

«C'est le chiffre le plus élevé au Québec», a-t-il ajouté.

Compressions ou augmentation?

Relancé par son ex-collègue de Radio-Canada Guillaume Lavoie, M. Schnobb n'a pas voulu blâmer la Ville de Montréal pour les difficultés budgétaires de son organisme.

La question, fort complexe, de l'augmentation des fonds versés par la Ville divise les élus à l'hôtel de ville. Dans les faits, en raison des modifications apportées aux règles de remboursement de la TVQ, la Ville versera 12,5 millions de plus à la STM en 2014, portant sa contribution à 384 millions. Elle était de 388 millions en 2013, desquels on a retranché 16,3 millions de TVQ que la STM n'a plus à payer.

Certains observateurs, et l'opposition regroupée au sein de Projet Montréal, estiment qu'il s'agit plutôt de compressions de l'ordre de 4 millions. Le conseiller Lavoie a ainsi déploré le «flegme» de M. Schnobb devant cette situation, assurant que l'ex-président Michel Labrecque se serait montré «déçu et furieux». Il a demandé au nouveau président d'être «l'homme de la STM plutôt que celui de l'administration Coderre».

M. Schnobb a refusé d'entrer dans cette joute politique. «C'est le mandat que je souhaite assumer. Je prends conscience depuis quelques mois de certaines réalités qui permettent de réfléchir en profondeur sur les besoins.»