Les problèmes criants liés à l'itinérance dans la plus grande ville du Québec ont dominé les manchettes au cours des dernières semaines et le maire de Montréal, Denis Coderre, compte amener le dossier à Québec, notamment pour réclamer une plus grande aide financière du gouvernement.

Après une période des fêtes marquée par les menaces fort médiatisées d'un policier à l'endroit d'un sans-abri, le maire Coderre réitère son désir de trouver des solutions à la problématique de l'itinérance. Il en fait même l'une de ses priorités.

Le premier magistrat de la métropole admet que l'événement fort médiatisé a «aidé à la réflexion». Cette semaine, il rencontrera des groupes communautaires qui s'impliquent avec les sans-abris.

Le maire souhaite prochainement partager leurs doléances avec la ministre déléguée aux Services sociaux, Véronique Hivon. Si en milieu d'après-midi dimanche, une attachée de presse de M. Coderre avait parlé d'une rencontre qui aurait lieu cette semaine, le directeur des communications du maire de Montréal, Louis-Pascal Cyr, a plutôt précisé, dimanche soir, qu'une telle rencontre n'avait pas encore été officiellement fixée.

Le maire Coderre estime que les outils existent pour s'attaquer à l'itinérance et que les acteurs du milieu sont compétents, mais qu'il y a un manque de «ressources».

Il chiffre les besoins à dix millions de dollars. Il se dit déterminer à trouver cet argent de pair avec Québec dans les plus brefs délais.

Plus que jamais, il estime qu'il y a une «obligation de résultats» et que le dossier doit «aboutir» rapidement.

Dîner des rois de l'Accueil Bonneau

Ces engagements du maire Coderre ont été faits en marge du dîner des rois de l'Accueil Bonneau, où quelque 550 repas chauds ont été servis à autant de sans-abris, dimanche en mi-journée.

«Ça devrait pourtant être le dîner des rois à tous les jours», a-t-il indiqué à propos de l'incapacité de bien des citoyens montréalais à joindre les deux bouts et à simplement pouvoir manger à leur faim.

À toutes les heures, dès 10 h, une centaine d'itinérants étaient accueillis par de nombreux de bénévoles de l'Accueil Bonneau et de la Société de Saint-Vincent de Paul.

Charles Daguy était au nombre des convives et il ne cachait pas sa gratitude à l'endroit de ceux qui ont tant fait pour lui. «J'ai passé cinq ans dans la rue. L'Accueil Bonneau a été essentiel dans ma vie. C'est un rayon de lumière pour les gens dans l'itinérance dans un monde où les gens sont trop souvent indifférents à notre endroit», a fait savoir celui qui peine encore aujourd'hui à joindre les deux bouts.

Tout près, Lucille Nantelle, une religieuse de la communauté Sainte-Croix, âgée de 94 ans, se réjouissait de constater encore une fois l'importance de l'événement dans la vie de bien des Montréalais défavorisés.

«Je participe au dîner depuis 40 ans. Je suis en mesure de comparer ce qui a changé. S'il y a encore des besoins criants, il y a aussi plus de ressources. Par contre, je constate que plusieurs groupes sont oubliés, notamment les personnes âgées défavorisées, qui vivent souvent dans la solitude», rappelle-t-elle.

À l'autre extrême du spectre des âges, Josepha Bindzi, en était à sa première activité bénévole à l'Accueil Bonneau. «Je pense qu'il est essentiel de redonner à sa communauté et que comme jeune, de donner du temps est le meilleur moyen», a indiqué la fille âgée de 15 ans visiblement comblée par son expérience.

Depuis 1877, l'Accueil Bonneau ouvre ses portes aux sans-abris et aux personnes en situation de précarité. Le dîner des rois s'est imposé comme un événement phare de l'année.