Le gouvernement refuse de changer les règles pour permettre à la Coalition Montréal de Marcel Côté d'obtenir un remboursement plus important de ses dépenses électorales.

Le maire de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard, s'est présenté hier matin devant les médias, visiblement ébranlé. Il a exhorté le gouvernement à changer les règles pour permettre à son parti, Coalition Montréal, d'obtenir un remboursement de ses dépenses électorales même si leur chef n'a pas obtenu le minimum de 15 % des votes requis par la loi.

Le changement réclamé aurait permis de prendre en compte tous les votes exprimés pour la Coalition et non seulement ceux du candidat à la mairie, Marcel Côté. Le parti aurait ainsi franchi le seuil critique pour obtenir un remboursement de 70 % de ses dépenses, ses candidats ayant récolté 16,4 % du total des voix exprimées.

Réal Ménard affirmait que sans changement, il risquait d'écoper par un complexe effet de domino, puisque la Coalition pensait ne pouvoir remettre son rapport de dépenses électorales. Le maire d'arrondissement craignait ainsi d'être forcé de démissionner, ce qui aurait déclenché une élection partielle à la mairie de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, une facture évaluée à 1,1 million.

Mais voilà, le Directeur général des élections a contredit la lecture que faisait Coalition Montréal de la loi. On assure que rien n'empêche le parti de déposer son rapport de dépenses électorales, même si toutes les factures n'ont pas été acquittées. « Ce n'est pas parce qu'un rapport de dépenses électorales est déficitaire qu'on ne peut pas le déposer », assure un porte-parole, Carl Charest. Au pire, la Coalition est passible d'une amende de 500 $ à 2000 $, précise-t-on.

Après avoir obtenu ces éclaircissements indiquant que le poste de Réal Ménard n'était pas menacé, le gouvernement a affirmé qu'il n'avait pas  l'intention de changer les règles. « Les règles du jeu étaient connues de tous sur la ligne de départ », explique-t-on au cabinet du ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault. C'est donc le statu quo, dit-on. 

Coderre critiqué

Le gouvernement rejette donc la demande que le maire Denis Coderre avait faite sienne, lui qui dit avoir appelé les chefs des trois principaux partis à Québec hier matin pour demander un changement à la loi. Même s'il admettait que ce geste s'apparentait à changer les règles alors que les jeux sont faits, il a estimé que « quand les règles sont mal faites, une loi doit aussi s'adapter à la réalité ».

Projet Montréal s'est opposé farouchement à l'idée de changer les règles après l'élection. « La demande du maire Coderre est totalement déplacée pour sauver la Coalition du désastre financier dans lequel le parti s'est placé. Le gouvernement n'a pas à récompenser Marcel Côté et la Coalition pour leur mauvaise campagne », a dénoncé Richard Bergeron.

Le chef de l'opposition en vient à se demander si l'objectif n'était pas plutôt d'éviter aux membres de la Coalition de perdre leur cautionnement, chaque candidat pouvant se porter garant pour un maximum 10 000 $ lors d'une élection. En n'obtenant pas de remboursement, les candidats de Marcel Côté perdront ainsi au change. « On connaît les règles du jeu en se lançant, dit Richard Bergeron. On le sait, qu'on peut perdre 10 000 $ à titre personnel. »

- Avec Paul Journet