Criminalité, itinérance, anglicisation, stationnement pénible : sous son vernis pittoresque qui attire des millions de touristes chaque année, le Vieux-Montréal est aux prises avec plusieurs difficultés. Un colloque a permis mardi de cerner des pistes de solution.

Francisco Arenas ne reconnaît plus son quartier. Le Montréalais, résidant du Vieux-Montréal depuis 15 ans, s'inquiète de l'arrivée récente de plusieurs commerces aux noms anglophones et de l'accueil de plus en plus fréquent dans la langue de Shakespeare.

«Ça a commencé au centre-ville et ça s'en vient vers le Vieux-Montréal, sur Saint-Paul, sur McGill, sur Notre-Dame», déplore-t-il en montrant une liste détaillée de ces nouveaux établissements.

Comme une cinquantaine d'intervenants, Francisco Arenas a participé hier à l'événement Avenir Vieux-Montréal. Cette journée de réflexion a permis de mettre en lumière plusieurs problèmes de ce quartier où se côtoient 6000 résidants et d'innombrables touristes.

Après des années de développement rapide, le berceau de la métropole se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins. Avec ses boutiques de luxe et ses restaurants branchés, le «Vieux» est devenu la destination la plus tendance de la ville. Cette frénésie a toutefois son revers.

Pour avoir le portrait le plus juste possible de la situation, la Société de développement commercial (SDC) Vieux-Montréal a mandaté deux chercheurs. Au-delà des enjeux sociaux ou linguistiques, l'accessibilité constitue le principal inconvénient du quartier. «Ce qui ressort le plus, c'est le stationnement, très clairement», a expliqué hier Benoît Duguay, professeur à l'ESG UQAM et coauteur de l'étude sur laquelle s'appuyait le colloque d'hier.

Stationnement gratuit l'hiver?

«On nous a dit qu'il n'y avait pas assez de places avec vignette pour les résidants, mais si on met plus de places pour eux, il y en aura moins pour les touristes, a observé le chercheur. Où est l'équilibre?»

Pour régler une partie du problème - et donner un coup de barre à leurs affaires -, les commerçants du Vieux-Montréal suggèrent de rendre le stationnement gratuit l'hiver et les week-ends. Ils proposent aussi la mise en place de stationnements à bas prix en périphérie du quartier.

La piétonnisation estivale de la rue Saint-Paul soulève elle aussi des critiques assez unanimes chez les commerçants. «On ne pense pas que c'est vrai que parce que c'est piéton, ça attire beaucoup de monde», a indiqué à La Presse Robert Astell, président de la SDC Vieux-Montréal, en marge de l'événement.

Insécurité

Roxanne Pitre, chef du poste de quartier 21, a pour sa part fait une présentation sur la criminalité dans le secteur. Un quartier qui s'est en quelque sorte transformé en «jungle» et en «zoo» depuis l'arrestation massive de revendeurs de drogue des motards et de la mafia au début des années 2000.

«Le sentiment de sécurité, je le sais qu'il est affecté, a-telle souligné. On le voit, on en est conscients.»

Les vols dans les voitures constituent un «fléau» dans le Vieux-Montréal, a souligné l'inspectrice Pitre. D'où l'importance d'accentuer les efforts dans le secteur, a-t-elle ajouté, puisque chaque larcin incitera les visiteurs à se diriger vers des quartiers jugés plus sûrs.

Certaines initiatives entraînent néanmoins des résultats impressionnants. En deux ans, un projet mis en place par différents partenaires voisins de l'Accueil Bonneau (un refuge pour les sans-abri) a permis de faire chuter de 61% les interventions policières. Elles sont ainsi passées de 311 en 2011 à 122 cette année.

Enfin, le sort du marché Bonsecours a fait l'objet de bien des récriminations parmi les commerçants, résidants et gens d'affaires qui ont pris part à l'étude. Plusieurs ont proposé de transformer l'établissement peu fréquenté en commerce alimentaire, ce qui bonifierait du coup l'offre déficiente dans ce secteur.