Alors que plus d'une centaine de ses ponts, tunnels et autres structures sont dans un état qualifié de «médiocre» à «critique», la Ville de Montréal consacrera près de 88 millions à l'entretien, la réparation ou le remplacement de ses ouvrages d'art d'ici la fin de 2016.

Les investissements prévus par la Direction des structures représentent en moyenne plus de 29 millions par année, soit presque trois fois la somme totale que la Ville a consentie à l'entretien de ses structures en 2012.

Mais selon un document rendu public mercredi par la Ville de Montréal, c'est à peine plus de la moitié des 50 millions par année qu'il faudrait investir dans ce parc de 589 structures «afin d'assurer le maintien des actifs», dont la valeur est estimée à 3 milliards.

Selon les données du Bilan annuel 2012 des ponts, tunnels et viaducs, 24 structures sont considérées comme en «état critique» et 31 autres présentent des «déficiences». L'état de 54 ponts, tunnels et murs de soutènement est qualifié, en vertu du système de classification de la Ville, de «médiocre».

Au total, ces structures en mauvais état représentent environ 20% des structures - ou une sur cinq - dont la responsabilité incombe en tout ou en partie à la Ville de Montréal.

Gestion critique

En point de presse, hier, lors de la présentation de ce bilan, le responsable des parcs et infrastructures de la Ville, Richard Deschamps, a longuement insisté sur le fait que le mot «critique» ne veut pas dire «dangereux», et qu'il désigne seulement un «indice d'état» établi par des ingénieurs à des fins de gestion.

Le système de notation des structures de la Ville fonctionne selon des cotes de 1 à 5, où la plus élevée (5) désigne une structure en bon état et la plus basse (1), un ouvrage dans un état critique. Cette cote, précise un document explicatif de la Ville, signifie que «plusieurs éléments de la structure sont partiellement fonctionnels. Une intervention à court terme est généralement nécessaire».

Le plan d'intervention présenté hier par la Ville prévoit que 13 des 24 infrastructures qualifiées de «critiques» feront l'objet d'un remplacement ou de travaux majeurs de réfection au cours des prochaines années. Près de la moitié de ces interventions ne sont toutefois pas prévues avant 2017, ou plus tard.

Travaux majeurs

À Montréal, la Ville prévoit de lancer des travaux majeurs de réparations sur le viaduc Rockland, qui sépare Outremont de la municipalité de Mont-Royal, et qui est visiblement en mauvais état depuis de nombreuses années. Un pont d'étagement au-dessus de l'autoroute 520 et un pont enjambant le canal de l'Aqueduc sont aussi sur la liste des priorités établies par la Direction des structures.

Des projets de réfection ou de remplacement sont prévus sur quatre autres ponts et viaducs en 2015 et en 2016. Les six autres ouvrages cotés «1» feront l'objet d'interventions à définir après 2016.

La directrice de la Direction des infrastructures de la Ville, Chantal Aylwin, a expliqué que cet échéancier d'interventions correspondait au rythme des travaux que la jeune équipe de la Ville «était capable de faire», en matière d'inspection, de planification et de surveillance des travaux réalisés sur ses structures.

Mme Aylwin a expliqué, en substance, qu'étant donné «qu'on est en train de bâtir» l'expertise de la Ville en matière de structures, il ne serait pas possible, actuellement, d'accélérer le rythme des projets dans l'état actuel de ses ressources humaines et financières.