Le centre de compostage dans le Complexe environnemental de Saint-Michel ne verra pas le jour si Denis Coderre est élu maire. Il en a fait la promesse formelle ce matin en point de presse tout en présentant cinq nouveaux candidats, dont l'éditeur et propriétaire du Journal de Saint-Michel, Claude Bricault.

«Je suis pour l'environnement, pour le développement durable et le compostage, mais il y a une erreur majeure qui s'est produite à Saint-Michel, a expliqué M. Coderre. Je tire la plogue de l'usine de compostage. Il n'y en aura pas. Je suis un homme de décisions, je suis capable de l'assumer.»

Le candidat à la mairie a rappelé que ce centre a suscité toute une levée de boucliers dans le quartier où il doit être construit. Une pétition regroupant 5000 noms a notamment été déposée.

Claude Bricault, qui se présente dans le district François-Perrault de l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, milite depuis de nombreuses années contre ce projet. Pour Denis Coderre, cette opposition n'est pas liée au syndrome «Pas dans ma cour». «Les gens de Saint-Michel ont déjà donné. Ce n'est pas normal qu'il y ait des résidences à 187 mètres de cette usine. On est à l'heure de la revitalisation; on va refaire nos devoirs.»

En milieu d'après-midi, le candidat à la mairie Marcel Côté a emboîté le pas et annoncé qu'il décréterait un moratoire sur le projet. «Les inquiétudes de la population d'Ahuntsic-Cartierville et de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension sont légitimes et méritent que nous trouvions les solutions appropriées, a-t-il déclaré par communiqué. Il est déplorable que, parmi les 11 sites étudiés, un seul ait été considéré pour le secteur du Nord de Montréal, alors que le centre de traitement est manifestement incompatible avec les activités urbaines existantes et prévues.»



Budgets en hausse

À l'instar de la coprésidente de son équipe, la mairesse de Villeray Anie Samson, M. Coderre a en outre dénoncé le gel des budgets des arrondissements. Demandé par l'administration du maire Laurent Blanchard en juillet, ce gel a été annulé par un vote fortement majoritaire des élus, mardi après-midi.

«On a fait travailler du monde pour rien, c'est de l'argent gaspillé, estime M. Coderre. Depuis quand on fait un budget et un programme triennal d'immobilisation avant des élections? Je trouve ça inacceptable comme approche. Le maire Blanchard, je trouve qu'il joue des games politiques.»

Il s'est engagé à indexer les budgets des arrondissements, mais sans préciser s'il devra hausser les taxes foncières. «Les Montréalais ne savent pas quelle est la vraie teneur de leur portefeuille. On nous dit une chose et son contraire. Nous allons d'abord donner l'heure juste.»

Laïcité «ouverte»

En ce qui concerne le débat sur les accommodements raisonnables, il a d'abord tenu à féliciter son candidat, Lionel Perez, dont la motion pour une laïcité «à l'image de Montréal» a été adoptée à l'unanimité par le conseil municipal.

«Je suis pour la laïcité ouverte, a précisé M. Coderre. On ne partira pas des guéguerres sur une charte qu'on n'a pas vue. Je ne veux pas qu'on fasse de la politique sur le dos des gens, que des citoyens se sentent comme des citoyens de deuxième classe.»

Il estime que le port d'un signe religieux ostentatoire n'empêche en rien une personne d'occuper une fonction. «L'institution est publique. La liberté de religion, je n'ai pas de problème avec ça.»

Outre M. Bricault, quatre nouveaux venus en politique se sont joints à l'équipe Coderre. Yves Gignac, Claudia Olga Ouamabia, Manuel Guedes et Patrick Charbonneau se présenteront dans quatre arrondissements différents. Denis Coderre s'est réjoui du fait que son équipe compte maintenant 58 candidats confirmés, dont 32 n'ont jamais été élus sur la scène municipale.

Cette sortie a fait bondir l'un de ses principaux rivaux dans la course à la mairie, Richard Bergeron. «C'est totalement irresponsable de M. Coderre. Il vient de faire la preuve une fois de plus qu'il ne connaît rien aux dossiers prioritaires de Montréal», a dénoncé le chef de Projet Montréal.

Richard Bergeron rappelle que Montréal a l'obligation de traiter l'ensemble des matières recyclables, dont les matières putrescibles, d'ici 2020, sous peine de pénalités et de perdre d'importantes subventions. Or, en abandonnant l'un des quatre sites de compostage envisagé, Denis Coderre retarderait inévitablement l'atteinte de cet objectif.

Le chef de Projet Montréal estime également que le centre de compostage projeté viendrait améliorer la situation au complexe environnemental St-Michel où du compostage a lieu en plein air présentement. «Une fois le centre construit, la situation va être 10, 50, 100 fois moins pire qu'elle ne l'est aujourd'hui. Si M. Coderre veut dénoncer quelque chose, qu'il aille sur le site.»

Avec Pierre-André Normandin