La mort récente d'une cycliste relance le débat sur le danger posé par l'ouverture des portières automobiles. Projet Montréal et Vélo Québec demandent au ministère des Transports de revoir le Code de la sécurité routière pour mieux protéger les déplacements à vélo.

Le 19 juillet dernier, une cycliste de 55 ans roulait sur l'avenue du Parc quand une portière de véhicule s'est soudainement ouverte sur sa trajectoire. En tentant de l'éviter, la femme a toutefois été percutée par un autobus de la Société de transport de Montréal qui la suivait. Elle a succombé quelques jours plus tard à ses blessures.

Ce type d'accident est loin d'être isolé. Pour la première fois, le Service de police de Montréal a compilé en 2012 des statistiques sur les accidents impliquant un cycliste et un automobiliste ayant ouvert une portière sans regarder. Le corps policier a ainsi recensé 64 collisions du genre. Dans plus de la moitié des cas, le cycliste impliqué a dû être transporté à l'hôpital.

Deux élus du Plateau-Mont-Royal ont écrit hier au ministre des Transports, Sylvain Gaudreault, pour lui demander que le Code de la sécurité routière soit modernisé. Un article impose aux cyclistes de rouler à l'extrême droite de la chaussée, ce qui «leur interdit malheureusement d'adopter un positionnement qui garantirait leur sécurité».

Vélo Québec recommande en effet de rouler à bonne distance des voitures garées pour éviter d'être surpris par une portière et afin d'être plus visibles des automobilistes cherchant à sortir de leur voiture. «Mais le cycliste qui prend plus large pour éviter les portières se trouve dans l'illégalité parce qu'on lui impose de rouler à l'extrême droite», déplore Richard Ryan.

Amendes

Projet Montréal demande également que les amendes pour les conducteurs ouvrant de façon négligente leur portière soient augmentées. Richard Ryan souligne que le conducteur fautif ayant provoqué l'accident du 19 juillet a hérité d'une contravention de 52$ pour avoir ouvert sa portière «sans s'être assuré qu'il peut effectuer cette manoeuvre sans danger». L'élu juge cette amende bien faible, surtout en comparaison d'autres infractions moins dangereuses. On cite en exemple les constats de 100$ à 200$ pour un automobiliste surpris à actionner son klaxon «sans nécessité».

Vélo Québec se montre plus prudent sur la question des amendes. «Je ne crois pas que c'est la contravention de 52$ qui va marquer le plus l'automobiliste. C'est plus la culpabilité d'avoir causé la mort de quelqu'un. Je ne pense pas qu'une pénalité plus grande aurait plus d'impact, c'est vraiment une question d'éducation», dit Marc Jolicoeur, directeur de recherche à Vélo Québec.

Projet Montréal demande d'ailleurs la mise en place d'une campagne de sensibilisation.

«Les automobilistes ne le font pas intentionnellement, mais il n'y a pas de conscience collective sur ce danger. Avec les risques posés aux cyclistes, le danger des portières devrait recevoir autant d'attention que les autres aspects de la sécurité routière», estime Richard Ryan.

La Société de l'assurance automobile du Québec dit justement avoir lancé une campagne de sensibilisation visant la sécurité des cyclistes au printemps dernier. Certains des messages abordent le danger posé par les portières automobiles aux cyclistes.

Le bilan de la sécurité à vélo sur les routes de Montréal s'est détérioré en 2012. Cinq cyclistes ont perdu la vie l'an dernier et 776 ont été blessés.

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En chiffres

64: Accidents de cyclistes avec des portières recensés par le SPVM en 2012

Décès de cyclistes à Montréal

2007: 4

2008: 2

2009: 2

2010: 4

2011: 4

2012: 5

Source: SAAQ

Cyclistes blessés (graves et légers) à Montréal

2007: 833

2008: 740

2009: 777

2010: 777

2011: 681

2012: 776

Source: SAAQ