L'ancien maire par intérim de Montréal Michael Applebaum, qui a démissionné après s'être vu imposer 14 chefs d'accusation au criminel, a reçu plus d'un quart de million de dollars en prime de départ.

Applebaum a obtenu 267 923,90 $ en raison de ses années passées dans l'administration municipale.

L'ex-maire a en effet été maire d'arrondissement, président du comité exécutif, puis maire par intérim pendant sept mois, jusqu'au printemps. Son bref passage comme premier magistrat a pris fin par une démission chargée en émotions, après que la police lui eut mis la main au collet en vertu d'accusations de corruption dans une enquête sur une affaire de pots-de-vin dans son arrondissement.

En démissionnant, Applebaum a assuré qu'il prouverait son innocence.

Selon des responsables municipaux, l'ex-maire a droit à une prime de départ en vertu de la loi provinciale, et aucune règle n'existe pour permettre aux autorités de saisir la somme. Dans un courriel, l'hôtel de ville précise que ni les raisons données pour son départ, ni les accusations portées contre lui n'ont d'effet sur ses droits en vertu du régime de retraite pour les élus municipaux.

Le paiement comprend 108 204,90 $ en prime de départ, ainsi que 159 719,00 $ comme allocation de transition.

Applebaum fut également le premier maire anglophone de Montréal en un siècle.

Le parti Vision Montréal s'insurge cependant contre cette prime octroyée à l'ex-maire intérimaire, et a annoncé mercredi qu'il déposerait, à la fin du mois d'août, une motion pour éliminer les montants versés aux élus qui quitteraient leur poste avant la fin de leur mandat, sauf pour des raisons valables.

Dans une déclaration transmise par voie de communiqué, la chef du parti, Louise Harel, estime que Montréal doit prendre exemple sur le gouvernement du Québec, qui étudie actuellement un projet de loi semblable pour les députés provinciaux.

«Les élus doivent s'engager en politique municipale pour l'entièreté de leur mandat. Le retrait d'un élu de la vie publique implique des coûts, notamment pour la tenue d'une élection partielle. Si l'élu n'a pas de raisons valables, notamment une maladie, qui l'empêchent d'exercer ses fonctions, Vision Montréal est d'avis que l'allocation de transition ne doit pas lui être versée», a ajouté Cindy Leclerc, conseillère de Rivière-des-Prairies et membre de la Commission de la présidence du Conseil.

Si la Loi sur le traitement des élus municipaux permet à la Ville de verser une allocation de transition, le Règlement sur le traitement des membres du conseil, lui, établit que cette allocation est versée à toute personne qui cesse d'être membre du conseil après l'avoir été pendant au moins les 24 mois précédant la fin de son mandat, précise Vision Montréal.

La motion viserait à modifier ce règlement pour y inclure les nouvelles dispositions. Selon Vision Montréal, cette démarche s'inscrit dans une lutte contre le cynisme politique de la population.