L'Agence métropolitaine de transport (AMT) n'a pas l'intention, «à ce moment-ci», de rendre publiques les études réalisées l'an dernier sur les performances et les coûts comparés du projet de système léger sur rail (SLR) par rapport à un corridor d'autobus à haute fréquence de service sur le nouveau pont de la Rive-Sud, prévu pour 2021.

Dans un courriel à La Presse, l'AMT a invoqué le risque de spéculation foncière relativement aux terrains voisins des tracés à l'étude pour justifier la non-divulgation de ces études comparatives, qui ont servi de base à la décision du gouvernement du Québec d'aller de l'avant avec le SLR.

Claudia Martin, porte-parole de l'agence gouvernementale, a souligné que le projet SLR n'est encore qu'à un stade préliminaire de son évolution. Les tracés proposés, à ce jour, ne sont pas définitifs. La création d'un bureau de projet pour planifier le développement du SLR a été annoncée il y a deux mois à peine, et son directeur a été embauché au cours des derniers jours.

Selon Mme Martin, les problèmes de congestion aux abords des stations, le rabattement des autobus vers les gares du SLR et le temps perdu dans les changements de mode de transport sont tous des enjeux qui feront l'objet d'études et de propositions du Bureau de projet au cours des 30 prochains mois.

«L'argument principal qui a joué en faveur du SLR, a dit Mme Martin, c'est sa capacité. La voie réservée aux autobus sur le pont actuel permet de transporter 22 000 personnes pendant les périodes de pointe. Une voie réservée améliorée sur le nouveau pont pourrait en transporter jusqu'à 30 000, sur une période de trois heures. Le SLR permet d'en transporter plus de 30 000 en seulement une heure.»

L'argument n'impressionne pas le professeur Jacques Roy. Selon lui, rien n'indique que la Rive-Sud aura besoin d'une telle capacité de transports collectifs, même en périodes de pointe. Quant à l'utilité réelle d'une infra-structure de transport aussi lourde qu'un SLR à l'extérieur des périodes de grande circulation, elle reste entièrement à démontrer.

«S'il y a un service digne de ce nom, hors des périodes de pointe, est-ce qu'il va y avoir des gens de la Rive-Sud qui vont prendre le SLR un samedi soir, pour aller au restaurant ou voir le Canadien de Montréal? Et à l'inverse, est-ce que des gens de Montréal vont aller magasiner au DIX30 de Brossard plus souvent parce qu'ils peuvent s'y rendre en SLR? J'en doute un peu», dit le professeur Roy.