Même si l'on est en pleine journée régulière de travail, le stationnement du grand magasin Costco de la rue Bridge, situé dans le sud-ouest du centre-ville de Montréal, est plein à craquer.

Paniers, chariots, poussettes: tous les moyens sont bons pour transporter des caisses de bouteilles d'eau.

« Je suis inquiète de ce qui se passe à Montréal, mais je ne panique pas non plus. Je suis venue ici aujourd'hui pour acheter des bouteilles de réserve, mais il faut rester calme », dit Johanne Anderson, à la sortie du magasin.

Pour cette dame, qui se décrit comme une Montréalaise de longue date, la Ville aurait pu faire mieux pour informer les citoyens de l'avis d'ébullition d'eau, en vigueur depuis hier.

Malgré les annonces faites sur internet, via les grands médias et sur le réseau social Twitter, ce ne sont pas tous les citoyens qui sont au fait de l'interdiction de boire de l'eau du robinet, croit Mesut Akkaya, commis au marché épicier BK, sur la rue Jean-Talon.

« J'ai le sentiment que les francophones sont plus au fait de l'avis d'ébullition que les allophones. C'est probablement une question de barrière linguistique pour certains immigrants », croit-il.

Son épicerie est située en plein coeur du quartier Parc-Extension, reconnu pour son caractère multi ethnique. Les clients qui magasinent ici viennent des quatre coins du monde. Beaucoup sont originaires de l'Asie, où leur langue maternelle n'est ni le français, ni l'anglais.

« J'ai plusieurs collègues qui ont fait des aller-retour entre le sous-sol et les rayons pour monter des galons d'eau à vendre », renchérit le collègue de Mesut, Mohamed Elcheikh.

À la sortie du marché BK, Muhammed Haseen explique à La Presse qu'il est venu un peu plus tôt aujourd'hui acheter des bouteilles d'eau pour ses trois enfants qui vont à l'école.

« On ne boit jamais l'eau du robinet de toute façon à la maison. Trop dangereux. Cette eau-là, c'est pour laver les légumes, ou se brosser les dents », explique l'homme, originaire du Pakistan, qui habite Montréal depuis 23 ans.

Ses craintes sont partagées par Chrisoula Nikolakis, qui a immigré de la Grèce en 1967.

« En Grèce, dans les villes, les gens boivent l'eau en bouteille. Tu ne sais jamais ce que tu peux avoir dans le robinet », dit la dame.

Plus de détails suivront.