Le nombre de citoyens qui troquent leur automobile pour un vélo à l'arrivée du temps chaud augmente chaque année, tout comme celui des constats d'infraction que leur remettent les corps policiers. Selon des documents obtenus par La Presse, le nombre de constats remis par la police à Montréal, à Laval et à Longueuil a bondi depuis trois ans.

De 2010 à 2012, l'augmentation a été de 40% à Montréal, comparativement à 10% à Longueuil et à 30% à Laval.

«Nous avons trois grands problèmes. La principale infraction demeure le non-respect des feux de signalisation», explique Nathalie Valois, patrouilleuse à vélo au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Les deux autres infractions les plus fréquentes sont le port d'écouteurs à vélo et les automobilistes qui ouvrent leur portière sans regarder d'abord si un cycliste s'en vient.

En 2012, le SPVM a mis en place un code particulier pour les accidents lorsqu'un un cycliste heurte une portière ouverte négligemment. Soixante-quatre accidents ont été répertoriés, dans lesquels plus de la moitié des cyclistes se sont retrouvés à l'hôpital. L'amende pour cette infraction n'est que de 30$.

Moins de place aux voitures

La présidente et directrice générale de Vélo Québec, Suzanne Lareau, croit qu'il faut faire plus de place aux cyclistes.

«Nous sommes à l'étape où l'on doit réduire l'espace consacré aux voitures pour le donner aux cyclistes. Des rues résidentielles devraient être aménagées pour proposer aux cyclistes un itinéraire agréable, confortable et sécuritaire», croit Mme Lareau.

«Il faut créer un sentiment de confort. On doit pouvoir rouler sur une route agréable si l'on veut augmenter le nombre de cyclistes. Personne ne veut rouler dans une rue très passante, c'est garanti», dit-elle.

Selon Vélo Québec, la Ville de Montréal devrait aménager en priorité une nouvelle piste cyclable dans l'axe nord-sud le lond du boulevard Saint-Laurent.

«Il faut voir la quantité de cyclistes dans ce secteur. On voit clairement qu'il y a un besoin urgent», dit Mme Lareau.

Un code méconnu

Au coin des rues Cherrier et Berri, dans le Plateau-Mont-Royal, plusieurs cyclistes traversent à vélo les passages pour piétons. Chaque jour, ils sont des milliers à passer par ce carrefour pour se rendre au centre-ville.

«Je ne savais pas que je ne pouvais pas traverser à vélo. Il semble y avoir beaucoup de lois pour les cyclistes, mais personne ne nous en parle», dit William, 16 ans, interpellé par La Presse.

Sur cet axe très passant, il faut parfois plusieurs minutes avant que le feu tourne au vert. Deux pistes cyclables se rencontrent, scindées par une rue à plusieurs voies aux sens inverses.

Infractions à répétition

La Presse y est restée pendant une heure et a observé une centaine d'infractions au Code de la sécurité routière.

«Vous me prenez en flagrant délit. Je vois souvent les gens traverser à vélo au passage pour piétons, et je me dis que je devrais le faire aussi. Et voilà que la journée où je tente ma chance, je me fais pincer par un journaliste», commente joyeusement Anne-Claire.

«Je réalise que je ne respecte pas le Code en ce moment, mais je suis réellement pressée. Je dois donc aller plus vite», explique Marie, qui a traversé l'intersection au feu rouge, ses écouteurs sur les oreilles.

L'an dernier, 711 cyclistes ont été blessés légèrement lors d'un accident de la route. Il s'agit d'une faible augmentation par rapport à l'année précédente.

Le nombre de blessés graves a toutefois diminué, passant de 32 en 2011 à 27 en 2012. Cinq cyclistes sont morts dans un accident.

«Pour s'assurer que le Code de la sécurité routière est respecté, il faut des amendes plus dissuasives, et une plus grande présence policière», estime Suzanne Lareau.