Des caméras-espions avec micro intégré, réservées habituellement aux planques de mafieux et de terroristes, ont été découvertes dans les locaux de la division des opérations spécialisées (DOS) du SPVM, a appris La Presse.

Certains évoquent une affaire d'espionnage clandestin au sein de cette unité chargée des missions sensibles et souvent ultra-secrètes. Seule certitude: une enquête criminelle a été ouverte sur cette histoire obscure et le responsable de l'unité a été muté dans un autre service.

Au quotidien, c'est la DOS qui est responsable de l'assistance technique aux enquêtes. Ses bureaux sont situés dans l'est de la ville, dans les mêmes locaux que le SWAT. Les policiers qui y travaillent ont entre autres pour mission d'installer clandestinement ces caméras pour l'écoute électronique de suspects.

Les faits se sont produits à la fin de l'année 2012. Certains suspectent le sergent superviseur en fonction à cette époque, et actuellement visé par l'enquête criminelle, d'avoir voulu épier ses collègues. Techniquement, il pouvait consulter les images «volées» directement sur son ordinateur portable.

Une source policière a affirmé à La Presse qu'au moment des faits, certains se plaignaient de l'attitude du sergent à la direction de la division. Selon ces dénonciateurs, il aurait agi ainsi pour découvrir qui parlait contre lui.

Un autre scénario circule aussi au sein du SPVM. Les caméras auraient été cachées par le superviseur à la suite de la disparition de matériel. Les membres du service en auraient même été avisés.

Geste illégal

Selon le Code criminel, ce geste pourrait être illégal, comme d'autres types d'interceptions effectuées sans mandat, d'où l'enquête.

L'affaire rappelle d'ailleurs le cas de l'ex-directeur de police de Mont-Tremblant qui va bientôt être jugé pour écoute électronique illégale. Il avait dissimulé des équipements d'espionnage dans ses locaux lors d'un conflit de travail avec ses policiers syndiqués en 2011.

Au SPVM, on confirme simplement à La Presse qu'une «enquête criminelle vient d'être ouverte à la suite de ces allégations de nature criminelle» et que le «sergent superviseur a été affecté sans délai à d'autres tâches».

On assure aussi que les dispositifs clandestins ont été retirés «dès que cela a été connu».

Il semble que le directeur Marc Parent n'ait pas apprécié que cette histoire de caméras cachées ait tardé à remonter jusqu'en haut lieu. D'autant plus que ce n'est pas la première fois au cours des derniers mois que la DOS est éclaboussée par un scandale. Rien pour arranger une atmosphère déjà tendue à l'intérieur de ce service, selon nos sources.

Sa petite section des agents doubles «full patch» est en effet l'objet d'au moins deux enquêtes internes. La plus récente porte sur des allégations d'irrégularités dans les allocations vestimentaires. L'autre a été enclenchée à la suite d'une formation qui aurait tourné à la beuverie dans un bar de Montréal. Un aspirant agent double avait d'ailleurs déposé une plainte pour agression sexuelle.

Bien que les procureurs aient refusé de déposer des accusations, l'enquête interne se poursuit et toute la haute hiérarchie de cette section a été sanctionnée ces dernières semaines sur ordre du directeur.

Mesure spectaculaire et rarissime au sein de ce corps de police, l'inspectrice qui chapeautait ce service et qui était aussi la supérieure hiérarchique du sergent visé par l'enquête sur les caméras cachées a été rétrogradée en février dernier au rang de commandant. Celle qui travaille désormais dans les bureaux du quartier général, rue Saint-Urbain aurait, dit-on, l'intention de contester cette mesure disciplinaire.