À la demande pressante du chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, la Ville rendra publiques «rapidement» les études commandées il y a cinq ans sur le tramway.

Le responsable du transport au comité exécutif, Réal Ménard, en a fourni l'assurance quelques heures après un point de presse de M. Bergeron sur ce sujet. «Je trouve la demande tout à fait raisonnable, on parle de près de quatre millions en fonds publics, a précisé M. Ménard en entrevue à La Presse. Il y aura la semaine prochaine une présentation au comité exécutif. Dans les prochains jours, on va les rendre publiques.»

En matinée, M. Bergeron s'était indigné du fait que des études commandées entre 2008 et 2010 sur la faisabilité du tramway à Montréal, à un coût qu'il évaluait à 3,4 millions, n'avaient toujours pas été dévoilées. Pour le chef de Projet Montréal, il est temps que la Ville «cesse de branler dans le manche» et dévoile les conclusions de ces études. «Ce sera un des enjeux de la prochaine campagne électorale, a-t-il argué. Depuis 1988, il n'y a pas eu d'investissements majeurs dans le transport collectif sur l'île de Montréal. C'est scandaleux.»

Émerveillement comme en 1966

Le retour du tramway à Montréal sera sa priorité s'il est élu maire en novembre, a-t-il répété. Il se donne dix ans pour mettre sur pied un réseau de 37,5 km, au coût de deux milliards, dont les premiers segments seront fonctionnels dès 2017.

«Les Montréalais vont avoir le même émerveillement dans l'oeil que lorsqu'ils ont découvert le métro, annonce-t-il. Avec les dernières pannes dans le métro, et celles qui ne manqueront pas de survenir vu l'âge de la flotte, ça aurait été utile d'avoir ce réseau parallèle.»

Réal Ménard, élu sous la bannière de Vision Montréal, le parti de Louise Harel, assure partager le même enthousiasme. Le retour du tramway serait «un des gestes les plus puissants sur le plan de la requalification urbaine», estime-t-il.Compte tenu des investissements coûteux qui seraient requis, ce retour doit cependant s'inscrire «dans une offre de transport globale».

Il rappelle que son administration a présenté en janvier dernier ses six priorités, comprenant notamment le prolongement de la ligne bleue du métro vers Anjou, le système rapide par bus sur le boulevard Pie-IX le train de l'Est.

Le tramway ne figure toutefois pas sur cette liste raccourcie de demandes. M. Ménard a annoncé avoir mandaté les services des finances et des transports de la Ville pour étudier ce dossier.

«Ça va prendre quelques mois. Mais on n'attendra pas aussi longtemps, on va rendre les études publiques rapidement.»

Trop cher pour Montréal?

L'Agence métropolitaine de transport a publié dès janvier 2000 un document sur le retour du tramway à Montréal. En février 2006, le maire Gérald Tremblay avait montré un grand enthousiasme quand il avait découvert ce mode de transport à Paris. Entre 2008 et 2010, plusieurs contrats totalisant 3,4 millions ont été octroyés pour en étudier la faisabilité, notamment auprès de la firme Geniva-Systra.

Le 16 octobre dernier, un groupe de réflexion mandaté par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain avait évalué le projet à 76 millions du kilomètre. Il s'était penché sur une première phase de 13,4 km dans l'axe Côte-des-Neiges, qui coûterait 1,1 milliard. La part de Montréal, 465 millions au bas mot, avait été jugée trop coûteuse «dans l'état actuel des finances de la Ville».