L'indépendance de la Commission de la fonction publique de Montréal par rapport au pouvoir politique est essentielle pour assurer l'équité et la transparence dans l'embauche et la promotion des employés de la Ville. C'est le message qu'entend porter l'Association des cadres municipaux de Montréal auprès du gouvernement du Québec et de la commission Charbonneau.

«Les cadres sont toujours coincés entre l'administratif et le politique. La Commission de la fonction publique doit donc retrouver ses pleins pouvoirs. C'est un acteur-clé du processus d'embauche», a affirmé hier à La Presse Pascale Tremblay, présidente de l'Association des cadres municipaux de Montréal.

Les révélations de La Presse sur le contenu dévastateur du rapport annuel de la Commission de la fonction publique ont renforcé la décision de l'Association de monter au créneau. Le tiers des nominations de cadres s'est fait sans appel de candidatures - et, dans 80% des cas, sans respecter la politique de la main-d'oeuvre - depuis l'arrivée en fonction du directeur général Guy Hébert, en 2012.

Pression, copinage et ingérence

Mais l'Association était déjà bien au courant de certains problèmes qui se posent dans les rangs de la Ville, comme la pression, le copinage ou l'ingérence. L'abolition de la permanence pour les nouveaux cadres n'est d'ailleurs pas étrangère à la vulnérabilité de certains d'entre eux, souligne-t-on.

En 2012, 15 cadres, dont certains se disaient lésés, ont joint l'Association. Les plaignants ont été redirigés vers la Commission de la fonction publique. L'année dernière, la Commission a reçu 43 plaintes et signalements. Vingt-cinq dossiers ont fait l'objet d'une analyse approfondie.

Au cours des prochains jours, Pascale Tremblay alertera le ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, au sujet de la nécessité de renforcer la Commission et ainsi assurer la compétence de l'administration municipale. De son côté, la Ville a exprimé son mécontentement par rapport à la Commission, en laissant entendre qu'il s'agissait d'une organisation superflue. Le ministre, qui entend trancher la question, a demandé au maire Michael Applebaum d'étayer sa position.

Commission Charbonneau

De plus, la présidente de l'Association a expliqué que son organisation déposera un mémoire à la commission Charbonneau, qui abordera notamment le rôle de la Commission de la fonction publique en tant que rempart à la corruption.

Déjà, en 2002, l'Association s'est inquiétée de la possible abolition de la Commission dans la foulée des fusions municipales. Six syndicats et associations représentant des cadres de Montréal avaient envoyé une lettre au directeur général de l'époque, Guy Coulombe. La Commission est demeurée en place, mais Mme Tremblay constate aujourd'hui qu'elle a perdu de grands pans de ses pouvoirs.

L'Association compte quelque 800 membres, dont le DG Guy Hébert.