La Mission St-Michael, un organisme communautaire vieux de 85 ans qui vient en aide aux sans-abri du centre-ville, fait peau neuve et devient le tout premier pôle de services en itinérance à Montréal. Salle pour consultations médicales, programmes d'art-thérapie, centre de jour continu: tout est mis en place pour combattre la pauvreté qui envahit notamment les alentours de la station de métro Place-des-Arts.

Depuis le 1er décembre, l'intervenante sociale Caitlin Murphy prend son courage à deux mains et se rend à l'intérieur du métro Place-des-Arts pour s'entretenir avec les sans-abri qui s'y réfugient. Elle les invite à marcher quelques mètres, jusqu'à la Mission St-Michael, pour une consultation gratuite avec un professionnel de la santé. «Pour le moment, je visite le métro deux fois par semaine», explique Caitlin Murphy.



Ce centre de services est né de la collaboration entre la Société de développement social de Ville-Marie (SDSVM), la Société de transport de Montréal (STM) et la police de Montréal.



Devant une situation «de plus en plus insoutenable», l'heure est à l'action, a affirmé en point de presse Damien Silès, directeur général de la SDSVM : «Une métropole comme Montréal ne peut avoir un progrès économique sain et durable sans une cohésion sociale forte.»



Chaque jour, 200 personnes en situation de précarité franchissent le seuil de la Mission St-Michael, estime-t-il. La plupart d'entre elles, d'origine inuite, profitent des repas quotidiens offerts par le refuge, facilement repérable à son toit rouge, mais retournent ensuite dans le métro à la fermeture des portes du centre.



«Il faut trouver une meilleure solution, et ce projet-pilote devra servir d'exemple pour qu'on implante ces services dans d'autres stations problématiques, comme Berri-UQAM, Atwater et Bonaventure.»



Pour répondre aux besoins des visiteurs, la Mission St-Michael s'est dotée d'une salle de consultation médicale, en plus d'étendre ses heures d'ouverture (de 8h à 15h). L'intervenante sociale Caitlin Murphy n'est pas seule: des docteurs spécialisés en psychiatrie du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) sont sur place trois fois par semaine et tentent de diriger les patients vers les services hospitaliers adéquats. Des médecins de divers CLSC et de la Faculté de médecine de McGill leur prêtent également main-forte.



«La rue n'est pas un milieu de vie facile. Les deux tiers des itinérants auraient un problème de santé mentale, et pratiquement 80 % seraient toxicomanes, a indiqué le Dr Didier Jutras Aswad, professeur adjoint de clinique au CHUM. Ils ne sont pas capables de se rendre aux services, alors le premier pas est de les sortir à tous le moins brièvement de la rue et leur donner les soins de base.»

De leur côté, les employés de la station de métro Place-des-Arts ont été mis au courant du nouveau programme. La STM est aux prises avec cette réalité au quotidien, et «ne rien faire n'est pas une solution», a lancé son directeur général, Carl Desrosiers. «On n'a ni les ressources ni la compétence pour y faire face tout seuls, d'où l'importance de ce projet.»



Pour sa part, Michael Applebaum, maire de Montréal, a souligné l'aspect «concret» de ce premier pôle, qui va enfin traduire les paroles «en gestes et en actions».



Son de cloche similaire du côté du député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Daniel Breton, qui a lui-même admis avoir vécu une situation de précarité auparavant. «Et qui sait, on aura peut-être un jour un député à l'Assemblée nationale qui vient de la Mission St-Michael.»