Ce ne sont pas les hauts cris d'élus indignés qui ont résonné ce matin dans l'enceinte du conseil municipal de Montréal, mais ceux de cinq enfants en bas âge qui avaient pris d'assaut le lieu. Leurs parents, les conseillères de Vision Montréal Elsie Lefebvre et Cindy Leclerc, voulaient ainsi illustrer la difficulté qu'elles éprouvent à concilier leurs rôles d'élues et de mères.

Le parti de l'opposition officielle, dirigé par Louise Harel, déposera une motion lundi pour demander la mise sur pied d'un comité de conciliation travail-famille. Tout sera scruté dans le but de faciliter la vie des élus qui ont de jeunes enfants, à commencer par les règles parfois archaïques qui encadrent les travaux du conseil.

«Notre objectif n'est pas de retirer des responsabilités aux élus : nous sommes conscients que cette tâche implique des horaires atypiques et une lourde charge de travail, explique Mme Lefebvre, mère de deux enfants, dont un poupon de huit mois. Mais certains aménagements mineurs sont concevables.»

Pas de congé de maternité

Ces ajustements permettraient de rendre la fonction d'élu «plus attirante pour les jeunes parents et les femmes, qui sont deux groupes sous-représentés au conseil municipal», estime-t-elle.

À titre d'exemple, les élues ont le droit de s'absenter des travaux du conseil pour l'accouchement, mais rien n'est prévu dans les mois suivants. «Il n'existe pas de congé de maternité», précise Mme Lefebvre. Une absence non motivée leur vaut une amende de 100$, tandis que trois absences consécutives peuvent entraîner leur destitution.

Autre motif d'irritation : les horaires des travaux qui sont parfois modifiés à la dernière minute. Il est courant que l'assemblée ordinaire, qui commence le troisième lundi du mois, soit prolongée à quelques minutes de préavis pour terminer les travaux.

Les deux élues demandent donc des horaires «plus prévisibles» qui permettraient, notamment, de prendre les mesures nécessaires pour faire garder les enfants.

«On souhaite donner un cadre, circonscrire un peu tout ça», explique Mme Lefebvre.

Certificat de quatre ans

«Les règles ont été faites à une autre époque, il faut se mettre à jour, renchérit Cindy Leclerc, élue en novembre dernier et mère de trois enfants de 6 ans, 4 ans et 11 mois. On peut moderniser notre institution.»

Concrètement, on souhaite que le conseil municipal obtienne la certification Conciliation travail-famille (CTF), accrodée par le Bureau de normalisation du Québec. Le certificat, valide pour quatre ans, garantit que l'organisme est engagé dans une «recherche de l'équilibre entre les exigences et les responsabilités liées à la vie professionnelle et à la vie familiale».

Vision Montréal espère que sa motion sera adoptée à l'unanimité au conseil municipal.