La Ville de Montréal continue d'utiliser un logiciel avec lequel un fonctionnaire corrompu aurait réussi à gonfler artificiellement le prix des contrats attribués à un groupe d'entrepreneurs en construction.

L'opposition officielle à l'hôtel de ville s'est inquiétée, lundi, d'apprendre que le logiciel Gespro, manipulé pendant des années par le fonctionnaire Gilles Surprenant, était toujours en service. «Oui, le logiciel Gespro est toujours utilisé. Mais entre ce qui se passait à l'époque de M. Surprenant et ce qui se passe maintenant, il y a des ajustements qui ont été apportés», a assuré Laurent Blanchard, président du comité exécutif de Montréal.

Au cours de son passage devant la commission Charbonneau, Gilles Surprenant a reconnu avoir gonflé de 30 à 35% le coût des contrats attribués à un groupe d'entrepreneurs en construction. Pour y arriver, le fonctionnaire à la retraite affirme avoir manipulé le logiciel Gespro, utilisé depuis le début des années 2000 pour évaluer le coût des projets.

Les estimations du logiciel sont basées sur le coût de projets similaires réalisés au cours des trois dernières années. Or, ces données étaient entrées manuellement et pouvaient ainsi être modifiées, a dévoilé Gilles Surprenant devant la Commission. «S'il y avait une différence marquée entre le prix que l'entrepreneur voulait mettre et l'estimation Gespro, on corrigeait l'estimation Gespro.» Avec le temps, Gespro s'est ajusté automatiquement et a intégré le gonflement des prix.

«On s'attend à ce que l'administration Applebaum revoie en profondeur l'utilisation de Gespro», a lancé la conseillère Elsie Lefebvre.

Laurent Blanchard assure que son utilisation actuelle est beaucoup moins «libérale» que celle faite par M. Surprenant.