Les révélations de la commission Charbonneau ont contribué à convaincre l'Université de Montréal de ne pas vendre un ancien couvent au promoteur immobilier Catania.

À moins d'un revirement de dernière minute, le controversé homme d'affaires ne pourra mettre la main sur le 1420 avenue du Mont-Royal, un immense bâtiment patrimonial qu'il voulait transformer en condos. Le futur du couvent des soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie déchaîne les passions depuis des années.

«L'incertitude juridique qui était soulevée par les procédures judiciaires intentées» par les opposants à la vente a joué dans la décision de l'Université de Montréal, selon son porte-parole Mathieu Filion. «Je ne vous cacherai pas que les récentes allégations qu'on a entendues à la commission Charbonneau ont elles aussi fait partie des éléments de réflexion», a-t-il ajouté.

Offre d'achat

Le bâtiment au centre de l'affaire a été acheté par l'université en 2003, avant d'être rénové et mis en vente en 2008. C'est le groupe Catania qui a remporté la mise pour 28,1 millions. Selon les informations du Devoir, l'institution publique a perdu au moins 10 millions dans ce processus.

Depuis 2008, l'administration de l'Université de Montréal acceptait chaque année de renouveler l'offre d'achat de Catania sur le bâtiment, en attendant que certaines conditions de transaction se réalisent. L'entreprise attendait notamment qu'un changement de zonage soit réalisé, afin de pouvoir transformer le couvent en luxueux condos.

Jeudi, l'état-major de l'université a décidé de ne pas renouveler le contrat. L'institution exercera «son droit d'annuler l'offre d'achat si la vente n'est pas finalisée avant le 31 décembre 2012», a-t-elle annoncé hier.

«Si [Groupe Catania] décide de lever certaines conditions, il pourrait compléter la transaction», a précisé Mathieu Filion.

L'université éclaboussée

En septembre dernier, La Presse révélait qu'un enquêteur de la commission Charbonneau avait cogné à la porte de l'Université de Montréal afin d'obtenir une copie du contrat entre l'école et le promoteur immobilier.

Quelques semaines avant le passage de l'enquêteur, la commission Charbonneau avait pu voir une photographie montrant des dirigeants du Groupe Catania posant à leur siège social aux côtés du patriarche de la mafia, Nick Rizzuto.

Un témoin a même déclaré sous serment que le fondateur de la firme, Frank Catania, et son fils avaient admis appartenir au clan Rizzuto.

Même si Groupe Catania semble hors combat, les opposants à la vente du 1420 avenue du Mont-Royal ne sont pas complètement rassurés, ont-ils fait savoir dans un communiqué.

«C'est un bon début» mais l'université «se trompe en voulant se départir du 1420», a critiqué le professeur Michel Seymour, l'un des meneurs de la fronde. Hier, l'administration a juré de trouver un nouvel acheteur. «L'UdeM reste déterminée à se départir de l'immeuble», a-t-elle écrit dans son communiqué.