Le mode de transport du client n'a aucun impact sur ses dépenses dans un commerce, sauf dans au supermarché.

Piétons, cyclistes, utilisateurs des transports en commun et automobilistes sont donc également «payants» pour les commerçants, selon une nouvelle étude réalisée à Portland, en Oregon.

Les automobilistes font de plus gros achats que les cyclistes et les piétons, mais ils reviennent moins souvent, précise l'étude, réalisée par l'équipe de Kelly Clifton, professeure de génie civil et environnemental à l'Université Portland State.

La recherche a été réalisée pour le compte d'OTREC, un consortium de recherche financé par le gouvernement fédéral américain. Ses conclusions vont dans le sens d'autres études réalisées dans le monde.

Elle éclaire le débat qui surgit périodiquement quand un commerçant en difficulté met en cause les mesures destinées à encourager les transports actifs et à réduire l'usage de l'automobile en ville.

L'étude a ses limites parce qu'elle s'en tient à quatre types de commerce: restauration rapide (pizzerias et restaurants mexicains), dépanneurs sans station-service, bars ou brasseries et supermarchés.

Paul Lewis, vice-doyen à la recherche à la Faculté de l'aménagement de l'Université de Montréal, note ces limites mais trouve néanmoins l'étude «intéressante».

«Les piétons, cyclistes et usagers du transport collectif sont des consommateurs compétitifs, c'est-à-dire qu'ils dépensent à peu près autant que les automobilistes, résume M. Lewis. La seule exception: les supermarchés, sans doute parce qu'il est plus facile d'acheter davantage quand on est en voiture que si on utilise les autres modes de transport.»

«Je ne serais pas surpris que nous trouvions des résultats similaires à Montréal, ajoute-t-il. La grande majorité des clients de plusieurs des artères traditionnelles de Montréal viennent à pied ou à vélo. Et une grande partie des clients du centre-ville de Montréal viennent à pied, à vélo ou en transport collectif. On peut penser qu'ils ne se comportent pas de façon tellement différente des automobilistes.»

Achats imprévus

Mike Parente, directeur général de la Plaza St-Hubert, note lui aussi que l'étude ne couvre pas «tout l'éventail de commerces».

«Si on regarde la Plaza St-Hubert, où il y a des commerces de destination et spécialisés, le stationnement est un facteur, dit-il. Mais l'étude montre aussi que plus les visites sont fréquentes, plus il y a de dépenses, parce qu'il y a plus d'achats imprévus.»

Selon Suzanne Lareau, directrice générale de Vélo-Québec, «en Europe, ça fait longtemps qu'il y a des études comme celle-là».

«Les gens à vélo achètent de plus petites quantités, mais ils reviennent plus souvent, dit-elle. Ça combat la perception qu'il faut absolument une place de stationnement en face du commerce. Il faut prendre soin des clients à pied et à vélo, et ça soulève toute la question de l'aménagement urbain. Et quand on fait l'épicerie pour quatre personnes, on peut toujours faire livrer. Si on habite au troisième étage, c'est vraiment avantageux.»