Déçu de l'attitude «hautaine» du nouveau maire de Montréal, «secoué» par le départ de Gérald Tremblay, Claude Trudel a annoncé ce matin qu'il quittait la vie politique.

L'un des piliers de l'administration Tremblay, maire de l'arrondissement de Verdun, M. Trudel s'est livré à une charge en règle contre Michael Applebaum. Il a dénoncé le «cirque» du mois dernier, où «les promesses se sont transformées en trahisons», et estime qu'il a aujourd'hui «le devoir moral de tirer (sa) révérence.»

Il quitte toutes ses responsabilités politiques à compter de demain, mais demeure membre d'Union Montréal, le parti fondé par l'ex-maire Tremblay. «Je ne claque pas la porte, j'en reste membre jusqu'au bout.» Il affirme avoir mûri sa décision depuis l'été dernier. Le départ de Gérald Tremblay, le 5 novembre dernier, l'a «profondément secoué, au-delà de tout ce (qu'il aurait) pu imaginer», a-t-il admis.

«C'était un homme foncièrement honnête que j'admirais et respectais profondément.» Sa démission dans la disgrâce a démontré «la dureté de la vie politique, l'injustice des situations, la témérité des jugements, la fragilité des réputations et la facilité effrayante avec laquelle on peut les briser.»

La suite des choses, lorsqu'Applebaum a quitté avec fracas Union Montréal pour se présenter comme maire indépendant, «c'en était trop», a déclaré M. Trudel. Le fait que son ancien parti hérite de trois postes «mineurs» au comité exécutif est une «insulte», selon lui. Il n'a pas digéré le ton «cassant, hautain» du nouveau maire, qui a promis une ère de collaboration. «L'esprit de la grande coalition n'a pas encore atteint le conseil municipal, a-t-il ironisé. Le vent de l'entente cordiale n'y a pas encore soufflé. Mauvais départ, on en conviendra.»

Il accuse M. Applebaum et la dizaine d'élus d'Union Montréal qui l'ont suivi d'avoir renié leur engagement, alors que Richard Deschamps avait été élu par une majorité du caucus le 8 novembre. «De trahisons en promesses non tenues, d'objectifs personnels qui l'emportent sur le bien collectif, d'allégeances au service des ambitions plutôt qu'au service des idées... Je n'ai surtout pas envie de travailler avec ceux qui ont trahi ma confiance.»

En réponse aux questions des journalistes, M. Trudel s'est défendu d'être amer. «Je suis serein, je quitte avec la certitude d'avoir réalisé une bonne partie de ce pour quoi je suis allé en politique.» M. Trudel se retire après une carrière politique de plus de 40 ans. Il a remplacé le maire Georges Bossé en 2006, et il a hérité de la présidence de la Société de transport de Montréal puis du dossier de la sécurité publique au comité exécutif à partir de 2009.

Avec ce départ, il ne reste plus que 22 élus d'Union Montréal au conseil. Il y en avait 37 en 2009.