Un bâtiment fédéral situé en plein coeur du Vieux-Montréal change de nom pour commémorer la guerre de 1812, a annoncé le gouvernement Harper, mercredi.

L'immeuble, qui s'appelait jusqu'ici l'édifice des Douanes, est situé au 105, rue McGill, où il donne sur la place D'Youville. Il a été bâti en deux phases, de 1912 à 1916, puis de 1934 à 1936. Sa construction a débuté à une époque où les trois quarts des revenus du gouvernement canadien provenaient des droits de douane.

Il s'appellera désormais l'édifice Dominique-Ducharme.

Né en 1765 et mort en 1853, Dominique Ducharme était un aventurier commerçant et un soldat qui s'est distingué au combat lors de la guerre de 1812. À la tête d'un groupe de soldats autochtones, il aurait joué un rôle important dans la bataille de Beaver Dams, en Ontario, affrontement remporté par les Britanniques contre les Américains.

«Ça exprime un peu l'histoire de notre pays, estime le député conservateur Jacques Gourde, qui représentait la ministre des Travaux publics, Rona Ambrose, à la cérémonie d'hier. Il y avait des autochtones, des anglophones, des francophones, et les nations ont travaillé ensemble face à l'invasion américaine. C'est ça qui a fait la fondation de notre pays.»

Sans mettre en cause la valeur de Dominique Ducharme comme personnage historique, le Nouveau Parti démocratique s'insurge contre le «déversement» de symboles liés à la guerre de 1812.

«Est-ce qu'ils vont nous lâcher avec 1812?», a lancé le député Pierre Nantel, porte-parole de son parti en matière de patrimoine.

Selon lui, la commémoration du conflit de 1812 s'ajoute aux nombreuses références au passé militaire du Canada mises de l'avant par le gouvernement conservateur.

«J'y vois un souci d'imposer de nouveaux symboles, d'imposer de nouvelles icônes du Canada, comme si les symboles qui avaient été bâtis au fil des années n'étaient pas suffisants», déplore-t-il.

Louis Plamondon, député du Bloc québécois, trace un parallèle entre les références à la guerre de 1812 et les symboles de la monarchie britannique, que multiplie le gouvernement Harper.

«Les Québécois ne s'identifient pas du tout à cette guerre, dit-il. C'est encore une fois l'obsession de la monarchie qui s'impose.»

Le député Jacques Gourde n'est pas d'accord. Il explique que chaque député fédéral a reçu 30 médailles du Jubilé à distribuer dans sa circonscription. Il a lancé un appel à ses concitoyens de Lotbinière-Chutes-de-la-Chaudière, et plus de 180 personnes ont signifié leur intérêt.

«Ce n'est pas nécessairement la monarchie, c'est l'histoire du Canada, a-t-il expliqué. Les gens ne se sentent peut-être pas imprégnés de cette histoire, mais ils souhaitent savoir ce qui s'est passé.»

Ottawa a aussi songé à renommer un pavillon du Collège militaire royal de Saint-Jean-sur-Richelieu, selon des documents obtenus par La Presse grâce à la Loi sur l'accès à l'information. Des documents du ministère des Travaux publics soulignent que l'immeuble se trouve à une trentaine de kilomètres de Lacolle, où s'est déroulée une importante bataille de la guerre de 1812.

L'officier responsable des affaires publiques du Collège, le capitaine Éric Le Marec, a toutefois indiqué hier qu'aucun projet de cette nature n'est dans les cartons.

- Avec la collaboration de William Leclerc