Montréal vient d'accorder un important contrat à une firme qui gravitait autour du club Consenza, après le désistement inexpliqué de la quasi-totalité des entreprises intéressées.

Construction Garnier a obtenu le 19 septembre un contrat de 6,6 millions pour reconstruire 1,5 km de conduites d'eau et d'égouts dans les rues Smith et Peel, dans l'arrondissement du Sud-Ouest. Cette entreprise fait partie des 74 compagnies dont l'un des véhicules a été observé par la GRC près du club Consenza, où le clan Rizzuto a longtemps opéré.

L'attribution de ce contrat a ceci de surprenant que, au mois d'août, pas moins de 17 firmes ont demandé les documents nécessaires pour participer à l'appel d'offres. Or, seulement deux ont finalement soumissionné: Louisbourg, propriété de Tony Accurso, et Construction Garnier.

La majorité des 15 firmes qui se sont désistées n'ont pas voulu dire pourquoi à la Ville. Fait à noter, trois d'entre elles font également partie des entreprises aperçues par la GRC près du Consenza lors de l'opération Colisée.

Les six qui ont accepté de justifier leur désistement ont toutes offert des raisons différentes. Deux ont dit avoir pris les documents en vue d'offrir leurs services en sous-traitance au gagnant de l'appel d'offres.

«C'est facile de déceler des éléments dans les appels d'offres qui devraient nous inciter à la prudence», dit Catherine Maurice, attachée de presse de Projet Montréal. La deuxième opposition à la mairie de Montréal souhaite voir l'administration Tremblay ralentir l'attribution des contrats, le temps que le gouvernement resserre les règles.

Construction Garnier est la propriété de l'homme d'affaires Joe Borsellino. Celui-ci s'était retrouvé au coeur de l'actualité après avoir payé en 2008 un voyage en Italie au directeur de la réalisation des travaux de la Ville de Montréal, Robert Marcil, lequel avait été forcé de démissionner.

L'entreprise de Borsellino fait partie de celles qui ont décroché le gros des contrats de construction à Montréal de 2006 à 2009. L'entrepreneur avait également intéressé l'Unité anticollusion, dirigée par Jacques Duchesneau, en raison du nombre élevé (14) de firmes interreliées qui obtenaient des contrats publics.